Nicolas Sarkozy, demi-Premier ministre et à nouveau ministre de l’Intérieur, a réenfourché son cheval de bataille : l’immigration “choisie”, présentée comme radicalement différente de l’immigration “subie”. Son objectif : faire mine de maîtriser une situation que lui et ses prédécesseurs ont pourtant tout fait pour rendre absolument incontrôlable. Sa méthode, en dehors de quelques saillies et autres “dérapages” : établir des quotas par profession, pour résoudre les problèmes de main d’œuvre de certains secteurs économiques. Il y aurait en effet 300 000 emplois non pourvus en France.

Approche scandaleuse

Outre le scandale d’une telle approche, dans un pays qui compte plus de 2,5 millions de chômeurs officiels et qui est incapable de mettre en place des politiques économique, fiscale, sociale et d’emploi dignes de ce nom (voir l’indigence des propositions de Villepin), cette démarche a quelque chose de malsain.

Sur les marchés aux esclaves, on regardait autrefois la dentition des hommes et des femmes vendus pour juger de leurs aptitudes. On regardera désormais les diplômes des candidats à l’immigration, en espérant qu’ils se contenteront d’un salaire inférieur à celui que réclamerait un Français. C’est déjà ainsi qu’en France nos hôpitaux emploient des médecins étrangers, tandis que les salaires qu’ils touchent dissuadent les jeunes diplômés français de choisir cette carrière. C’est ainsi aussi que notre pays compte plus de médecins béninois que le Bénin ne compte de médecins tout court, même si l’on compte les équipes de MSF envoyées sur place à grands frais. Effet pervers supplémentaire : les pays d’origine sont privés des élites et des personnes qualifiées pourtant indispensables à leur développement, ce qui alimente l’immigration.

Politique irresponsable

Politique brouillonne et irresponsable, ce que propose M. Sarkozy n’est bon ni pour la France, ni pour les pays d’origine des futurs immigrés. Sa prétendue méthode de quotas ne fera qu’ajouter des dizaines de milliers d’entrées légales aux 150 000 entrées annuelles (et même 170 000 en 2003). Et aggraver nos problèmes économiques et sociaux. M. Sarkozy a lu Brecht : il a décidé de dissoudre le peuple français dans l’immigration massive. Et dans le même temps, les jeunes diplômés et les élites françaises prennent le chemin de l’exil et quittent la France pour poursuivre leurs études ou s’installer !