La sensibilité toute particulière de Jacques Chirac aux créations artistiques des « peuples premiers » -selon l’appellation politiquement correcte- est bien connue. Seule trace architecturale de son calamiteux passage à l’Elysée, M. Chirac a inauguré mardi le musée des « Arts premiers », quai Branly. Belle occasion pour ce champion de la repentance de se livrer à ce grand numéro de haine de soi, de masochisme dont il a le secret, de battre une nouvelle fois sa coulpe pour les crimes commis par les puissances coloniales et autres « méchants blancs ». L’ouverture de ce musée est «un événement d’une grande portée culturelle, politique et morale», a-t-il déclaré. «Au coeur de notre démarche, il y a le refus de l’ethnocentrisme, de cette prétention déraisonnable de l’Occident à porter, en lui seul, le destin de l’humanité», car «il n’existe pas plus de hiérarchie entre les arts qu’il n’existe de hiérarchie entre les peuples». Le président de la République, insistant sur le thème du «dialogue des cultures et des civilisations», a donc voulu «rendre justice» aux cultures non-européennes, à ces «peuples humiliés et méprisés», «exterminés par des conquérants avides et brutaux», affirmer «l’égale dignité des cultures du monde», «dresser, face à l’emprise terne et menaçante de l’uniformité, la diversité infinie des peuples et des arts». «Qui ne voit qu’une mondialisation qui serait aussi une uniformisation ne ferait qu’exacerber les tensions identitaires, au risque d’allumer des incendies meurtriers », a-t-il encore déclaré. Cet aspect du discours chiraquien pourrait être recevable par les nationaux, opposés au « monde gris » des tenants d’une idéologie mondialiste qui réduit l’individu à sa simple dimension « marchande » et voit dans la préservation des cultures enracinées et des identités un frein insupportable à l’avènement d’un gouvernement mondial. Là ou le bât blesse c’est que Chirac s’est fait le fidèle supplétif du mondialisme dans notre pays, étant le maître d’œuvre d’une immigration de peuplement, d’une submersion démographique qui s’apparente à un véritable ethnocide culturel et répond justement à cet objectif « d’uniformisation » de la planète que le chef de l’Etat prétend combattre. Dans la même veine, le financement par des élus des partis de l’Etablissement de la réunion des « peuples autochtones » qui se déroule actuellement à Pau, dans le cadre d’un forum international, participe de la même hypocrisie. Une aide d’un système qui dénie aux indigènes de ce pays le droit de rester eux-mêmes et voue aux gémonies un Front National qui les défend.