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Liban

Monsieur le Président, malheur au pays où le communautarisme l’emporte sur l’autorité de l’État, malheur aussi aux États désarmés. Le pauvre Liban martyr vient d’en faire une nouvelle fois l’expérience, fournissant malgré lui le mobile d’une intervention dévastatrice et disproportionnée. Certes, le droit à l’autodéfense et le droit de suite existent, mais pas le droit de déclencher une guerre totale sans négociations, sans ultimatum, sans déclaration de guerre, sans saisine préalable du Conseil de sécurité. Je crains aussi que cette opération ne soit d’ailleurs contre–productive pour Israël, qui n’a pas atteint ses objectifs politiques, et qui s’attire aujourd’hui l’hostilité de tous les Libanais.

M. le Président du Conseil nous a dit que les réunions des ministres européens se seraient déroulées dans une ambiance cordiale; quel soulagement! Mais ces chaleureuses réunions n’ont pas empêché la dévastation du Liban.

On nous parle aujourd’hui d’une interposition européenne, mais celle-ci, curieusement, n’implique que sept États membres sur vingt-cinq. Dois-je rappeler que la force d’interposition au Liban existe depuis vingt-huit ans. Mon pays, la France, y a payé un lourd tribut, mais cette force a été dans l’incapacité totale de prévenir les tragiques événements que nous avons connus et, contrairement à ce que nous dit Mme la Commissaire, elle a été totalement impuissante dans la récente tragédie et n’a fourni que quelques cibles supplémentaires aux bombardements israéliens.

Le règlement repose uniquement sur la reconnaissance d’États souverains disposant de frontières sûres et reconnues. Il faut un État palestinien, libre, indépendant, qui n’existe pas depuis des décennies – ce à quoi vous vous résignez fort bien, pour la plupart. Il ne peut y avoir de paix sans cela. Il faut que l’État libanais, récemment libéré de l’influence syrienne, étende son autorité sur l’ensemble de son territoire. C’est à ces seules conditions qu’Israël pourra également connaître une paix durable.

Enfin, en ce qui concerne la participation de nos concitoyens à la reconstruction, nous sommes las de payer pour reconstruire ce que d’autres ont démoli. Que chacun contribue à la réparation des dégâts qu’il a causés; l’État libanais pour les dommages causés par le Hezbollah en Israël, et l’État israélien pour les dommages causés au Liban. Que chacun assume ses responsabilités, le règne du droit passe aussi par cela.

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