Outre Rhin, les pressions que fait peser le lobby islamiste sur les pays européens ont conduit Kirsten Harms, la directrice de Deutsche Oper de Berlin, à l’autocensure. Mme Harms avait déprogrammé quatre représentations de l’opéra de Mozart Idoménée prévues pour le mois de novembre. Dans une scène finale ajoutée au livret d’origine, le metteur en scène Hans Neuenfels présentait en effet sur des chaises les têtes décapitées de Poséidon, Bouddha, Jésus et, pour son malheur, celle aussi du prophète Mahomet. A la suite d’un coup de fil anonyme menaçant, la directrice de l’Opéra, après avoir « mis en balance la liberté artistique et la sécurité des spectateurs », avait donc annoncé mardi sa décision d’annuler Idoménée. La classe politique et le gouvernement allemand se sont élevés contre cette autocensure, au nom de la « liberté de parole ». Les avis des représentants de la communauté mahométane en Allemagne, réunis au même moment lors d’un premier « sommet sur l’islam » pour favoriser le « dialogue » et « l’intégration » des trois millions de musulmans vivant Outre-Rhin, ont été beaucoup plus « nuancés ». Si le très laïc Kenan Kolat, un des porte-parole de la communauté turque, a déclaré que « faire dépendre l’art de la religion signifierait le retour au Moyen Âge », le très influent Ali Kizilkaya, président du Conseil islamique, a estimé qu’ « opéra ou caricature, il n’y a guère de différence [dans le blasphème] ».