« Parler de la justice à Bordeaux, c’est comme parler de la corde dans la maison d’un pendu », a déclaré Jean-Marie Le Pen devant les journalistes peu avant le début de cette réunion, faisant bien évidemment allusion à la condamnation du maire de Bordeaux, Alain Juppé, dans l’affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris. Mais, dans un registre différent, c’est au tour de Nicolas Sarkozy d’être rattrapé par l’affaire Clearstream, du nom de ce montage tendant à accréditer l’idée que d’importantes personnalités, dont Nicolas Sarkozy, auraient bénéficié de commissions et de comptes occultes. Dès le début de cette affaire, le président-ministre de l’UMP s’est drapé dans le rôle de la victime ignorante de l’odieuse machination qui se tramait contre sa personne. Reste qu’en mai dernier, dans Le Point, le journaliste Stéphane Denis, un parent du général Philippe Rondot chargé de l’enquête, expliquait que ce dernier lui avait confié le soin, durant l’été 2004, de « dire à Sarkozy qu’il avait enquêté sur l’affaire Clearstream », dont « le dossier complet » était « à sa disposition ». M. Denis précisait qu’en septembre de la même année il avait évoqué ce sujet par téléphone avec M. Sarkozy, puis de visu en avril 2005 (FDA Quotidien du 11/05/2006). Le président de l’UMP avait nié farouchement les affirmations de ce journaliste. Dans un livre à paraître le 16 novembre, Éric Decouty, journaliste au Figaro, révèle une note du 7 septembre 2004 du général Rondot dans laquelle est mentionné un contact entre Imad Lahoud, le falsificateur présumé des listings bancaires Clearstream, et Nicolas Sarkozy. Or, selon M. Decouty, dans la version des juges d’Huy et Pons, cette mention a été remplacée par le mot « illisible »… Enfin, c’est au tour de Me Olivier Prado, l’avocat de M. Lahoud, d’affirmer que son client a rencontré le ministre de l’Intérieur pour « évoquer » ce dossier en septembre puis en décembre 2004. Un rebondissement qui intervient au moment où les juges s’apprêtent à entendre Dominique de Villepin, Nicolas Sarkozy niant de nouveau énergiquement cette rencontre avec M. Lahoud. Reste que dans cette affaire nauséabonde, rebaptisée non pas « courant clair » (Clearstream) mais « courant boueux » par Jean-Marie Le Pen, mensonges et manipulations semblent régner à tous les étages…