Si la directive Bolkestein nouvelle version n’avait pas déjà souffert de graves lacunes, et notamment celle de ne pas être fondamentalement différente de la précédente, une seule raison nous aurait poussé à la rejeter: le consensus suspect des deux grands groupes PSE et PPE entre eux, qui plus est pour accepter le compromis élaboré au Conseil.
La véritable révolution aurait consisté, entre autres, à affirmer explicitement la primauté de l’application sur le territoire d’un État membre de son droit national, notamment de son droit du travail national, de ses droits social, pénal, fiscal nationaux. C’est-à-dire le principe du pays de destination, par opposition au principe du pays d’origine. Cela n’aurait pas empêché que des prestataires d’un autre État membre puissent offrir des services dans un autre pays, cela aurait simplement permis que la concurrence soit loyale avec les opérateurs nationaux. La révolution aurait consisté à accepter que les États puissent poser des conditions à l’accès à certaines activités, comme la situation du marché de l’emploi ou des raisons d’aménagement du territoire. Ils n’ont pas cette possibilité.
Après la concurrence avec le reste du monde, la concurrence entre entreprises, l’Europe consacre maintenant la concurrence entre travailleurs européens, indépendants ou salariés, et donc la concurrence entre systèmes sociaux. Elle va dans le mur.