Nous l’évoquions, le Front National de la Jeunesse (FNJ) a réussi un beau coup médiatique et de propagande en étant le premier mouvement politique européen à ouvrir, le 23 novembre, une permanence virtuelle du Front National dans Second Life. Un « espace de simulation sociétale » dans lequel évoluent près de deux millions d’internautes qui y ont créé leur double. Un monde dans lequel on peut multiplier les rencontres, les activités et les projets, dans un environnement très réaliste. Second Life est devenu un véritable phénomène de société et une version française devrait voir le jour très prochainement (FDA Quotidien du 15/12/2006). Une présence nationale qui répond à deux objectifs, a expliqué dès le départ Alexandre Ayroulet, directeur du FNJ : « promouvoir la candidature de Jean-Marie Le Pen pour l’élection présidentielle de 2007 » mais aussi « la présence française et francophone » dans cet univers. Et plus particulièrement, ont précisé les jeunes nationaux, « auprès des entreprises françaises, qui en sont pour le moment absentes ». Très médiatisée, la présence du FNJ dans Second Life n’a pas fait que des heureux. Ainsi, le site internet du FNJ rapporte la réaction, le 19 décembre, de Vincent Feltesse, responsable PS en charge des « nouvelles technologies », lequel déclarait « ne pas avoir l’intention d’ouvrir un bureau dans Second Life ». Car si « l’Internet est certes un outil de marketing, il ne faut pas que la fascination pour le high-tech affaiblisse et dévalorise le discours politique ». Dans la bouche d’un permanent socialiste, la réflexion ne manque pas de sel, d’autant que M. Feltesse ajoutait, quelques temps après, qu’il était « choqué » par cette initiative frontiste. Une fenêtre médiatique dans laquelle les partis de l’Etablissement ne règnent pas sans partage, c’est effectivement un scandale… Le FNJ n’a donc pas manqué de réagir à la déclaration de Ségolène Royal qui, le 14 janvier, a finalement annoncé l’ouverture de son site « Désirs d’avenir » dans Second life : « Au-delà des divergences d’opinions politiques, nous nous réjouissons que les autres partis répondent favorablement à notre invitation », a annoncé un communiqué du FNJ, partis qui profitent « ainsi de cette campagne présidentielle pour renforcer la présence française dans les mondes virtuels. L’ensemble des membres du groupe Front National Second Life souhaite chaleureusement la bienvenue au Parti Socialiste dans Second Life ! ». L’attitude élégante du FNJ tranche là aussi singulièrement avec celle de ses adversaires.