François Bayrou a été décrété par les Instituts de sondage et les médias « troisième homme » de cette campagne présidentielle. Du coup, il se prend à rêver qu’il sera le premier, et que grâce à son positionnement « original », les portes de l’Elysée lui seront bientôt ouvertes.
Premier problème : ces résultats (aux alentours de 17 % récemment) n’ont rien d’exceptionnel pour un candidat UDF (Lecanuet, Giscard, Barre, et par analogie Balladur). 2002 a été une contreperformance personnelle de M. Bayrou.
Deuxième problème : le positionnement de Bayrou repose sur une imposture. Il se présente comme un homme neuf, un « rebelle anti-système », ni à gauche, ni à droite. Il n’est rien de tout cela.
Homme neuf ? François Hollande faisait justement remarquer, avec un brin d’ironie, qu’il avait commencé sa carrière politique en 1979, avait été formé par Jean Lecanuet, avait servi Giscard d’Estaing, avait comme modèle Alain Poher. Et qu’il avait passé quatre ans au Ministère de l’Education nationale (1993-1997). Il y a effectivement plus neuf.
Rebelle anti-système ? Moins encore. Sa longévité ministérielle, malgré son soutien à Balladur à l’élection présidentielle de 1995, il la doit à un ralliement immédiat et sans faille à Chirac au second tour, ce Chirac qu’il prétend aujourd’hui honnir et dont il a salué le bilan au soir de son pathétique discours d’adieux anticipés. Il la doit aussi à sa manière de gérer son Ministère, en fait une cogestion avec le Système « maison », les syndicats, et un abandon total des réformes qu’il prétendait vouloir mettre en œuvre. Opposé à l’UMP ? Son parti politique participe aux gouvernements Raffarin puis Villepin (via Gilles de Robien, et cinq ex-UDF ralliés à l’UMP). Et s’il vote une motion de censure en 2006, il laisse à ses députés la liberté de vote (seuls dix sur trente le suivront) et soutient Juppé aux municipales partielles de Bordeaux.
Ni droite ni gauche ? Non, synthèse de ce qu’il y a de pire à droite et à gauche, partisan du consensus mou et de la cohabitation permanente. Favorable à Bruxelles et à ses politiques ultra-libérales et en même temps au droit de vote des étrangers, à l’adoption par des couples homosexuels, à la discrimination positive, aux constructions de mosquées…, allant chercher ses soutiens électoraux à gauche et ses alliances du même nom à droite.
Le seul point sur lequel on peut être d’accord avec François Bayrou, c’est que le clivage droite-gauche est dépassé dans notre pays. Depuis des années. Le modèle économique et social imposé par Bruxelles est désormais accepté par le PS, l’UMP, l’UDF, qui y souscrivent, l’acceptent et l’appliquent. La véritable fracture politique passe entre les défenseurs de la Nation et du Peuple français, de leur identité et de leur liberté, et les tenants d’une société sans repères et sans valeurs, à force d’être multi-culturelle, pluri-ethnique, et de tout relativiser. Cette fracture-là passe entre Jean-Marie Le Pen et les autres. Tous les autres.