Gare du Nord, des gendarmes arrêtent un individu de 33 ans sautant un portillon, car voyageant sans titre de transport -on apprendra peu après que l’homme en question a déjà été interpellé 22 fois pour la même infraction !- et c’est l’émeute. Mardi, dans cette gare parisienne, de la fin de l’après-midi jusqu’à 1h30 du matin, plusieurs centaines de jeunes issus principalement de l’immigration africaine et auxquels se sont joints quelques autonomes, ont agoni d’insultes, lancé des crachats et harcelé les forces de l’ordre à coups de projectiles, brisé des vitrines, vandalisé des magasins, cassé du mobilier urbain. On sait déjà qui paiera la note. Alors que les banlieusards soucieux de rentrer chez eux slalomaient entre policiers et sauvageons, les usagers se sont vu priver de nombreux trains, des lignes de métros ont été fermées à la circulation – beaucoup de voyous ont trouvé malin de tirer les signaux d’alarme. Les personnes ayant assisté au fait générateur de cette émeute ont été frappées par la rapidité avec laquelle une partie de la foule « plurielle » s’est solidarisée contre tout ce qui portait un uniforme et représentait l’ordre. Neuf individus ont été interpellés. Le porte-parole du PS Julien Dray, qui garde de sa formation trotskyste un solide usage de la langue de bois, a estimé que ces affrontements « illustrent le climat de tension, le fossé et la violence désormais installés entre la police et la population». Cette flambée de violence, qui hélas n’a rien d’exceptionnel, s’inscrit surtout dans le contexte de perte générale de repères et de tiers-mondisation de notre société qui se sont encore accélérées sous le règne de l’UMP. Emeute qui s’est produite à quelques encablures du QG de campagne de Nicolas Sarkozy, le symbole ne manquera pas de faire réfléchir.