Veritas liberavit vos, dit l’Évangile selon saint Jean: la vérité vous libérera. Quelle est cette vérité? La vérité, c’est que vous voulez créer un super État européen, en dépit des dénégations de M. Brok. Car, enfin, une organisation politique dotée de la personnalité juridique internationale, dotée d’une présidence qui n’est plus une présidence tournante, dotée d’un ministère des affaires étrangères, d’une monnaie unique, d’une extension indéfinie des compétences qui ne sont plus attribuées par pilier, avec, à l’intérieur de ces compétences, une décision à la majorité: cela s’appelle un État européen!
J’entends bien, mes chers collègues, qu’il y en a parmi vous, et sans doute la majorité, qui sont d’accord avec cette évolution. Mais alors, il faut avoir la franchise et l’honnêteté de le dire à nos compatriotes. Or, c’est une réalité, et on l’a bien entendu tout à l’heure encore dans l’exposé de M. Brok, que vous vous acharnez à masquer et cela, je crois, n’est pas honnête, n’est pas décent. Car si vous voulez rester dans le cadre d’une organisation internationale, alors pourquoi ne pas vous satisfaire des traités existants?
Il y a eu le traité de Paris qui a institué la CECA. Puis, il y a eu le traité de Rome instituant Euratom et la Communauté économique européenne. Ensuite, on nous a dit qu’il fallait fusionner les exécutifs de ces organisations internationales pour leur donner plus de pouvoir. On les a fusionnés! Ensuite encore, en 1986, on nous a dit qu’il fallait l’Acte unique européen pour que l’Europe puisse véritablement porter tous ses fruits et répondre aux espérances. Et on a eu l’Acte unique européen. Aussitôt cet Acte unique européen adopté, on nous a dit qu’il ne suffisait pas, qu’il fallait le traité de Maastricht à partir duquel couleraient le lait et le miel. Et après Maastricht, il y a eu Amsterdam. Et après Amsterdam, il y a eu Nice. Vous êtes engagés dans un processus qui vise à créer ce super État européen. Il est contraire au génie de l’Europe, qui est l’espace qui a inventé la liberté et l’indépendance des nations. C’est la raison pour laquelle nous y sommes résolument opposés.