C’est paraît-il un travers bien français que de vouer aux gémonies ce que l’on a adoré la veille. Le patron du XV de France et futur secrétaire d’Etat sarkozyste, Bernard Laporte, en a fait de nouveau la cruelle expérience puisque il est passé du statut de demi-dieu au soir de la victoire de l’équipe de France contre les redoutables néo-zélandais, à celui de tacticien nul et de stratège débile au lendemain de la défaite contre les pugnaces Anglais. Bref « la roche tarpéienne est proche du capitole », sagesse ancienne que peut également méditer un Sarkozy qui comptait bien utiliser à des fins politiciennes un succès du XV tricolore, à l’image de l’instrumentalisation par les partis de l’Etablissement de la victoire de notre équipe de foot black-blanc-beur lors du mondial de 1998…Une Coupe du monde de rugby censée, comme par magie, aider à la croissance, rétablir le moral des ménages, faire oublier la flambée des prix, le chômage, les grèves qui s’annoncent, l’insécurité qui s’accroit et l’immigration qui se poursuit. Chef de l’Etat qui se glorifiait d’avoir fait bénéficier le XV de France de sa « baraka » lors de la victoire contre les All blacks, qui se faisait complaisamment photographier sous toutes les coutures avec les joueurs dans les vestiaires, mais qui n’a pas souhaité samedi dernier écorner son image de « winner » en venant dire un mot de soutien à nos malheureux rugbymen. Une attitude qui éclaire aussi la mentalité du chef de l’Etat lequel enregistre pour la première fois une chute durable dans l’opinion, matérialisant dans les faits la fin de l’état de grâce. Succédant au sondage CSA réalisé les 26 et 27 septembre qui enregistrait une baisse assez brutale de la cote de popularité de Nicolas Sarkozy (55%, – 6 points) et de son factotum François Fillon (50%, – 6 points ), l’enquête d’opinion LH2 publiée lundi 15 octobre dans le quotidien Libération confirme cette tendance, puisque le Président de la République chute de nouveau de 5 points et le Premier ministre de 8 points.