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Inquiétantes « convergences »

Exprimant une vision « étrange » de ce qu’est la nation française, vision qui est aussi celle de son « champion », Christian Estrosi avait déclaré en début d’année dans les colonnes du journal israélien Haaretz que M. Sarkozy était « le candidat naturel des juifs » (FDA Quotidien 26/01/2007). Il n’a pas été démenti par le Premier Ministre israélien Ehud Olmert, en déplacement à Paris lundi pour y rencontrer le chef de l’Etat et des membres du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif). Devant le Crif, dont le président Richard Prasquier a rappelé que la communauté juive de France était « la plus importante d’Europe » et aussi « la plus attachée à Israël », M. Olmert s’est félicité du tropisme atlantiste du nouveau chef de l’Etat, qu’il a qualifié d’ « ami sincère et véritable de l’Etat d’Israël et du peuple juif ». Un compliment qu’un Chirac n’eut jamais l’occasion d’entendre, accusé qu’il fut de poursuivre une politique plus équilibrée vis-à-vis des nations arabes, la politique de non alignement sur Washington et d’indépendance nationale initiée en son temps par le général De Gaulle. « Nous sentons tous que quelque chose dans l’atmosphère a changé entre la France et Israël. Elle est peut-être plus amicale aujourd’hui, plus aimante même, avec une fermeté qui est bien nette et claire sur ce qui est de l’amitié envers Israël et sur les besoins imprescriptibles de sécurité de l’Etat d’Israël », a encore déclaré le Premier ministre de l’Etat hébreu. Cette référence à la sécurité d’Israël, mot magique, étant bien sûr ici une autre façon de parler du dossier du nucléaire iranien au sujet duquel M. Olmert a fait état de « convergences » avec M. Sarkozy. Ce qui est d’autant plus préoccupant que le grand frère américain de MM. Olmert et Sarkozy poursuit sa rhétorique guerrière : le 17 octobre rapportait l’AFP, « George W. Bush a brandi le spectre d’une troisième confrontation planétaire ; le 21 octobre, le vice-président américain Dick Cheney a à son tour menacé Téhéran de « graves conséquences » s’il ne renonçait pas à son programme d’enrichissement d’uranium ». Il apparait de plus en plus clairement que cette question du nucléaire iranien est un épouvantail agité comme prétexte pour intervenir militairement contre l’Iran. Prix Nobel de la paix 2005 pour ses efforts visant « à prévenir l’usage de l’énergie nucléaire à des fins militaires », l’Egyptien Mohammed El Baradei, chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), a tenu, dans un entretien publié mardi par le quotidien Le Monde, à conjurer les ardeurs bellicistes des boutefeux atlantistes et israéliens. « Je veux détourner les gens de l’idée que l’Iran sera une menace dès demain, a-t-il déclaré, et que nous nous trouvons maintenant devant la question de savoir s’il faut bombarder l’Iran ou le laisser avoir la bombe. Nous ne sommes pas du tout dans cette situation ». « Je ne peux pas juger des intentions (de Téhéran) de se doter de la bombe nucléaire, il lui faudra encore entre trois et huit années pour y arriver. Tous les services de renseignement s’accordent là-dessus », a encore affirmé M. El Baradei.

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