Le Président français Nicolas Sarkozy a achevé mercredi sa visite d’Etat en Algérie dans la ville de Constantine, lieu qui n’a pas été choisi au hasard, a confié un membre de la délégation française aux journalistes, mais parce que c’est « le bon endroit pour évoquer le métissage et les problèmes de la jeunesse ». Le Président de la République a de nouveau battu sa coulpe en dénonçant devant les étudiants de l’université Mentouri et son homologue Abdelaziz Bouteflika « le système colonial injuste mis en place par la France ». Comme l’a rappelé fort justement un communiqué de Chrétienté-Solidarité, à l’instar « de toute entreprise humaine, la colonisation française en Algérie a eu sa part d’ombre et d’erreurs. Mais elle a d’abord eu l’immense mérite de libérer l’Algérie du joug de la colonisation ottomane, de l’arbitraire de ses féodaux, de la violence des corsaires et de l’esclavagisme (…). Cela dit, si les Algériens détestent tant la France, pourquoi donc se pressent-ils tant à vouloir y vivre et à y exiger tous les droits qu’ils obtenaient peu à peu dans l’Algérie française ? Quant aux Français en Algérie sont-ils assurés des mêmes droits, de la même protection, de la même sécurité, des mêmes libertés que les Algériens en France ? » Poser la question c’est effectivement y répondre. Pour le reste, M. Sarkozy a de nouveau évoqué, comme il l’avait fait au Maroc, son projet d’Union de la Méditerranée, où il avait affirmé péremptoirement que « l’avenir de l’Europe était au sud » invitant « tous les chefs d’Etat et de gouvernement de tous les pays méditerranéens à se réunir en France en juin 2008 pour jeter les bases d’une Union politique, économique et culturelle fondée sur les principes de stricte égalité ». « Comme l’Europe (qui) avait commencé avec le charbon et l’acier, et avec le nucléaire, cette Union étendue à des pays non européens commencera avec le développement durable, l’énergie, les transports, l’eau » précisait-il (FDA Quotidien du 25/10/2007).
Toujours la même logique…
A Constantine, le Président de la République a donc réitéré son souhait de « bâtir l’Union méditerranéenne sur l’amitié franco-algérienne (…) comme la France offrit jadis à l’Allemagne de construire l’Union de l’Europe sur l’amitié franco-allemande ». M. Bouteflika lui a répondu que l’Algérie était prête à « contribuer à la réalisation (de ce) projet d’Union Méditerranéenne », pour peu que les modalités en soient précisées. Mais dans l’esprit d’un Sarkozy, ledit projet va bien plus loin qu’une simple coopération visant à l’élaboration de projets communs entre les Etats des deux rives de la Méditerranée, comme l’indique l’utilisation du terme même d’ « Union » qui est tout sauf neutre. Un projet sarkozyste accueillie plus que fraîchement jeudi par la chancelière allemande Angela Merkel, qui a précisé que la coopération de l’Union européenne avec les pays de l’espace méditerranéen doit être « ouverte à tous » les pays de l’UE et « approuvés par tous ». Dans le cas contraire, cela pourrait « libérer dans l’UE des forces explosives que je ne souhaite pas », a-t-elle ajouté. Ce souhait développé par Sarkozy qui décidemment aime brûler les étapes, n’est bien sûr pas sans rappeler le vœu des cénacles mondialistes, formulé en son temps notamment par son ami et nouveau président du FMI Dominique Strauss-Kahn, consistant à étendre l’Union européenne aux pays du Maghreb, à la Turquie et à Israël. Dans la logique il est vrai des concepteurs de l’Union européenne, pour qui celle-ci ne saurait constituer que le marchepied d’une « gouvernance mondiale » comme l’a souvent relevé Jean-Marie Le Pen.
Les « faucons « ne désarment pas
En mettant en garde ces derniers mois nos compatriotes contre les velléités bellicistes du Nouvel ordre mondial à l’égard de l’Iran, en invitant les Français à réfléchir et à s’interroger sur les buts recherchés par ceux qui poussent au conflit, Jean-Marie Le Pen a de nouveau tranché sur les discours dangereux et irresponsables d’une partie de la classe politicienne française. Dans sa volonté de remodeler la carte du Moyen-Orient et de faire main basse sur ses réserves pétrolières, l’administration Bush avait déjà infligé à son peuple et au monde entier les bobards sur les armes de destruction massive de Saddam Hussein. Il s’agissait ainsi de légitimer l’anéantissement du régime et l’occupation de l’Irak, avec les conséquences proprement effroyables que l’on voit à l’œuvre aujourd’hui. Second pays dans la ligne de mire de Washington, l’Iran, a été victime d’une campagne internationale tendant à faire accroire que Téhéran s’apprêtait à vitrifier ses ennemis dans la région, quand bien même l’arme atomique est une arme de non-emploi. Mais le 3 décembre, la publication d’un rapport émanant des 16 agences américaines de renseignement portant sur le programme nucléaire iranien, a conclu avec « un haut degré de confiance que l’Iran a arrêté son programme d’armement nucléaire fin 2003 » et avec « un degré de confiance modéré » que ce programme n’a pas été relancé à la mi-2007. Avec toute la prudence requise, il est toutefois précisé que les Iraniens pourraient à terme être capables de se doter de l’arme nucléaire entre 2010 et 2015. Un rapport qui tombe mal au moment où les « faucons » poussent à la roue « pour faire adopter un troisième train de sanctions contre l’Iran » note l’AFP. Agence qui précise encore que de nouvelles méthodes (de collecte des renseignements) ont été adoptées par les américains pour ne pas réitérer les erreurs commises vis-à-vis de l’Irak dans les mois qui ont précédé son invasion. Mais le clan belliciste ne désarme pas. Si Le ministre israélien de la Défense Ehud Barak a aussitôt affirmé mardi que l’Iran poursuivait son programme nucléaire militaire, selon Michael Levi, expert au très mondialiste Council on Foreign Relations (CFR), ce rapport des services de renseignements « ne signifie pas que nous ne faisons pas face à un problème urgent, car la capacité croissante de l’Iran à fabriquer du matériel nucléaire reste dangereuse ». De son côté Steve Hadley, conseiller de George W. Bush pour la sécurité nationale, a estimé « que la communauté internationale devait « augmenter la pression » en isolant diplomatiquement et en sanctionnant l’Iran, tout en offrant la perspective d’un dialogue. Rapport qui pourrait aussi « donner des arguments aux « faucons » qui appellent le Président Bush à utiliser les moyens militaires pour mettre fin au programme nucléaire de l’Iran, dont Téhéran affirme qu’il poursuit uniquement des fins civiles ».