Nicolas Sarkozy avait promis une longue conférence de presse, elle le fut. Mardi, le chef de l’Etat a accumulé comme à son habitude les déclarations emphatiques sur « l’amour, l’ouverture aux autres, l’humanisme, le respect », « la politique de la civilisation » « la politique de la vie » qui serait la sienne (on croit rêver), les vœux pieux et l’annonce de quelques gadgets : la fin des 35 heures, le développement de la participation et de l’intéressement dans les entreprises, la fin de la publicité sur les chaînes du service public, le lancement de dix « projets de rénovation universitaire »… Nicolas Sarkozy a également réitéré son souhait de voir se poursuivre une immigration « fondée sur des quotas ». Une autre façon en l’occurrence d’abuser le bon peuple au moment où le Ministre de l’immigration s’est révélé incapable de tenir son objectif dérisoire de 25 000 expulsions annuelles. Sachant que comme l’a rapporté Georges Orfily, sénateur socialiste de Guyane, 600 000 clandestins entrent en France chaque année, dont 200 000 pour la seule métropole. Pour faire bonne mesure le Président de la République a annoncé son souhait de faire inscrire dans le préambule de la Constitution l’égalité entre hommes et femmes, le respect de la diversité, l’intégration des populations immigrées et/ou d’origine non européenne, le tout avec l’aide de Simone Veil, ce qui ne manque pas d’inquiéter… En matière de politique étrangère, Nicolas Sarkozy a dit que la France se ferait « l’avocate » de l’Allemagne, du Japon, du Brésil, de l’Inde et d’un pays africain pour qu’ils deviennent membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU. Il a également évoqué un très probable mariage avec la chanteuse Carla Bruni, dont le statut de concubine suscite des problèmes protocolaires puisque celle-ci serait présente lors des voyages diplomatiques que Nicolas Sarkozy a programmé très prochainement dans le Golfe et en Inde.
La chute…
Comme la relevé Jean-Marie Le Pen à la suite de cette conférence de presse, « chaque promesse de réforme est désormais énoncée au titre de la « politique de civilisation », comme naguère au titre de la « rupture ». Le fond du discours reste identique. Huit mois après son accession à l’Elysée, Nicolas Sarkozy est toujours en campagne électorale, et annonce de grands projets, en une nouvelle opération poudre aux yeux, tandis que la France réelle s’enfonce dans un terrible déclin. J’aurai l’occasion de commenter plus précisément les propos présidentiels lors de mes vœux à la presse, vendredi prochain ». De son côté le journaliste Philippe Randa s’est arrêté sur le style de Nicolas Sarkozy, pointant par antiphrase « cette rare distinction de langage qu’il affiche désormais à tout propos ». M. Sarkozy possédant au plus haut point ajouterons-nous ce travers d’une certaine bourgeoisie cosmopolite consistant à penser que le langage familier plaît aux Français, confondant en l’occurrence le peuple avec la plèbe. Il est vrai que Nicolas Sarkozy ne comprend pas, ne ressent pas notre pays dans toute sa densité et sa profondeur, comme l’avait déjà énoncé Jean-Marie Le Pen lors de la campagne présidentielle… « Ceux qui furent déçus d’une telle abracadabrantesque vulgarité, note M. Randa, sont sans doute ceux qui s’attendaient à voir s’exprimer un Président de la République française, Premier Élu de la Nation, garant de nos libertés et de nos institutions, exemple entre tous à la fois pour les Français qui s’en sont remis à lui pour conduire leur destinée… et pour les Chefs d’État étrangers afin que soit respecté la place, rien que la place, mais toute la place, de notre pays dans le monde ». « La rupture annoncée est belle et bien effective (…) avant tout celle d’une certaine retenue, une certaine distinction, un certain bon goût que les prédécesseurs de Nicolas Sarkozy à l’Élysée, quoi qu’on en pense, avaient toujours su conserver. Sous la Vème République, la France a successivement été dirigée par l’imposture gaulliste, l’incompétence pompidolienne, la morgue giscardienne, la duplicité mitterrandienne et la nullité chiraquienne… Elle est désormais, incontestablement, aux mains d’un Marlou ».
La solution : la peine de mort
Le projet de loi de Rachida Dati visant à créer des centres fermés pour les pédophiles a suscité le tollé de l’aile gauche de l’Etablissement. Dans les faits, les monstres condamnés à au moins quinze ans de prison pour meurtre, assassinat, torture, acte de barbarie ou viol sur mineur ne seront plus automatiquement remis en liberté après avoir purgé leur peine. Ainsi, ces pédophiles pourraient être placés indéfiniment dans des centres fermés si une commission pluridisciplinaire les juge encore dangereux. Sans surprise le Syndicat de la Magistrature, la Ligue des Droits de l’homme, le PS, le Parti communiste, les Verts et autres groupuscules gauchistes ont crié au scandale. Pour faire bonne mesure, l’ex-garde des Sceaux et député socialiste Elisabeth Guigou a même évoqué mardi au sujet de ce projet de loi « les pires débordements de l’Allemagne nazie », s’attirant, on l’aurait deviné, une réaction offusquée du président du groupe UMP à l’Assemblée, Jean-François Copé. Contactée par l’AFP, Mme Guigou a assuré que la vive réaction des députés UMP à ses propos s’expliquent par le fait que ces derniers « ne se sentent pas à l’aise » avec le projet de loi, parlementaires sarkozystes qui « tournent le dos aux acquis de la Révolution qui veulent qu’on condamne les gens pour ce qu’ils ont fait, pas pour ce qu’ils sont, ni pour ce qu’ils sont susceptibles de faire ». Wallerand de Saint-Just, vice-président du Front National, chargé du CAP « sécurité-justice », a lui aussi noté que ce projet de loi s’expose au reproche d’illégalité (…) : n’est-il pas attentatoire aux libertés de retenir une personne après qu’elle ait purgé la peine décidée par la juridiction compétente ? ». Mais il a surtout relevé que le dispositif prôné par Mme Dati est « particulièrement compliqué à mettre en œuvre en ce qu’il nécessite un personnel et des moyens financiers qui n’existent pas ». Le ministre de la Justice « ferait mieux de s’attaquer aux racines du mal (…), l’Etat pourrait faire en sorte que la dépravation et la pornographie ne s’exposent pas comme aujourd’hui. En vérité Mme Dati ne parviendra jamais à obtenir des résultats effectifs et elle ou ses successeurs devront présenter encore et toujours des projets de plus en plus embrouillés, si la peine de mort pour ces tortionnaires et ces assassins d’enfants n’est pas appliquée à nouveau ».