En cette période électorale, le député-maire UMP d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), Gérard Gaudron, a eu mercredi les « honneurs » du Canard Enchaîné… mais s’en serait bien passé. Depuis qu’il est député de la 10ème circonscription de Seine-Saint-Denis, ce sarkozyste de choc cumule chaque mois ses indemnités de maire et de parlementaire et ses allocations chômage, soit au total « environ 12.500 euros brut ». L’hebdomadaire précise que le député s’est vu supprimer lesdites allocations entre août et octobre 2007, pour non présentation à une convocation des Assedic, avant de les percevoir de nouveau « à la demande expresse du directeur départemental du Travail et de l’emploi ». « J’ai fait les démarches utiles, me semble-t-il, pour mettre un terme à cette situation », a précisé M. Gaudron, lequel a confirmé auprès de l’AFP l’exactitude de cette information et annoncé qu’il allait « rembourser les indemnités perçues depuis son élection à l’Assemblée nationale en juin 2007 ». Cela ne l’a pas empêché de dénoncer une « manœuvre politique destinée à le salir », à trois semaines des élections. Le porte-parole de l’UMP a qualifié mardi sur Europe 1 cette affaire de « choquante »… Il pouvait en effet difficilement dire moins d’autant que le sieur Gaudron signa le 8 novembre dernier « une proposition de résolution » demandant la création d’une « commission d’enquête sur les fraudes aux prestations et aux prélèvements sociaux »… ça ne s’invente pas ! Pendant ce temps, la mascarade se poursuit à Neuilly où le sarkozyste Teullé, suspendu par l’UMP et candidat aux municipales contre le sarkozyste Fromentin a annoncé mardi qu’il avait décidé de maintenir aussi sa candidature à la cantonale de Neuilly-sud, où il avait été initialement désigné par la commission d’investiture de l’UMP.
La déroute en râlant
La grogne gagne du terrain au sein de l’UMP et ne devrait pas se calmer avec le nouveau sondage BVA pour l’Express qui indique une nouvelle chute de 9 points pour Nicolas Sarkozy qui ne récolte plus que 36% d’opinions favorable. L’AFP rapporte ainsi le vent de fronde qui ne faiblit pas contre l’abracadabrantesque réforme de la carte judiciaire d’une des petites protégées du chef de l’Etat, le Garde des Sceaux Rachida Dati. Le député-maire d’Altkirch (Haut-Rhin), Jean-Luc Reitzer, soutenu par ses collègues présents dans l’hémicycle a mené la charge mardi contre cette (autre) égérie de la presse pipole dont le caractère affable a poussé à la démission nombre de ses collaborateurs. Contacté par l’AFP, M. Reitzer s’est dit « révolté » par le comportement de Mme Dati. « Depuis bientôt 20 ans que je suis député, je n’ai jamais été traité de la sorte » a-t-il affirmé, précisant avoir « découvert par les médias que le décret officialisant la fermeture du tribunal d’instance de sa ville avait été publié dimanche ». « Depuis novembre, j’ai écrit à Mme Dati, je lui ai demandé audience… J’attends toujours une réponse », a-t-il déploré. « J’ai lancé devant mes collègues : « quel sens politique, ce décret à trois semaines des élections ! Heureusement que ce sont des élections municipales et cantonales et pas des législatives, sinon on ne serait plus très nombreux dans cette salle dans quelques semaines » », a précisé M. Reitzer. « D’autres élus sont intervenus pour faire part de leurs inquiétudes à la veille des scrutins des 9 et 16 mars. Une députée a dit « ne pas comprendre la position de Nicolas Sarkozy sur la laïcité » ». Salué par M. Reitzer pour son « écoute », Xavier Bertrand (Ministre du Travail) est longuement intervenu pendant la réunion. « C’était un discours de vice-Premier ministre », raconte un participant qui souligne toutefois qu’il n’a pas été applaudi. « Tout le groupe est à la botte de Fillon », affirme cette source toujours citée par l’AFP. La bonne ambiance que voilà….
Trop c’est trop
Pour tenter d’éteindre l’incendie, le patron du groupe UMP, Jean-François Copé, s’est livré à un numéro assez pathétique sur le thème « tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes sarkozyste ». Il a affirmé devant la presse « qu’il y avait « sur le terrain » un « sentiment » de « remobilisation vraiment très significative de nos électeurs » (sic). « Beaucoup d’électeurs nous font passer le message que trop, c’est trop et que la multiplication des critiques de toute nature, y compris personnelles, contre le Président de la République, a pris un tour qui devient insupportable » » (resic), a-t-il déclaré, feignant à peine d’avoir l’air de croire ce qu’il dit. Rien d’étonnant dans ces conditions que le pouvoir UMP multiplie les diversions du type Villiers-le-Bel – voir notre précédente édition – ou tente de nouveau d’instrumentaliser le thème très sensible de la « mémoire », avec le projet de Sarkozy de confier le souvenir d’un enfant juif déporté à chaque élève de CM2. Devant le tollé soulevé par cette initiative, rejetée par une majorité de pédopsychiatres, historiens, syndicats d’enseignants et de parents d’élèves, etc… David de Rotschild, directeur de la Fondation pour la mémoire de la Shoah a estimé dans Le Figaro mercredi que c’était « un projet généreux » mais « trop lourd à porter » et qu’il devait être « affiné ». Un son de cloche peu ou prou similaire à celui entendu au sein de l’UMPS ou du côté de Simone Veil ou encore du Président du Conseil représentatif des institutions juives de France Richard Prasquier. Tout en ouvrant « la porte à des aménagements », « le Président de la République a la volonté très nette de ne pas céder sur cet enseignement », a assuré dans un entretien au Journal du Dimanche Emmanuelle Mignon, directrice de cabinet du Président de la République, pour lequel « transmettre la Shoah est essentiel ». Or, ce qui apparaît surtout « essentiel » aux yeux des Français, c’est que notre pays s’enfonce dans une crise économique et sociale dramatique pour des millions de familles ; c’est le fait que l’UMPS a vendu notre souveraineté à l’euromondialisme bruxellois au mépris du référendum de mai 2005 ; c’est la poursuite d’une immigration qui menace la paix civile et la pérennité même de notre peuple. Cette focalisation du microcosme politico-médiatique sur des événements tragiques appartenant heureusement au passé, suscite surtout l’incompréhension, voire la colère des Français qui ne sont pas dupes de la manœuvre.