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Coup de barre à gauche

On s’attendait à une déferlante de la gauche à l’occasion des élections municipales, le tsunami annoncé n’a été qu’une grosse vague. Bertrand Delanoë à Paris, Gérard Collomb à Lyon, Martine Aubry à Lille ont pris une sérieuse option pour la victoire. L’UMP Jean-Claude Gaudin est talonné à Marseille par le socialiste Jean-Noël Guerini, Toulouse pourrait basculer à gauche. Les caciques socialistes Jean-Marc Ayrault à Nantes, François Hollande à Tulle, Laurent Fabius à Grand-Quevilly, François Rebsamen à Dijon, Manuel Valls à Evry, Michel Delebarre à Dunkerque sont réélus dès le premier tour. A l’instar d’autres caciques locaux du PS à Lorient, Tourcoing, Limoges, Besançon, ou encore Poitiers. Des villes détenues par la droite comme Alençon, Chalon-sur-Saône, Dieppe, Laval, Rodez, Rouen, Saint-Benoît passent à gauche dès le premier tour. Pour autant, nombreux sont les membres du gouvernement à être réélu dès le premier tour dans leur fief comme Jean-Louis Borloo, Xavier Bertrand, Jean-François Coppé, Luc Chatel, Laurent Wauquiez ou Eric Woerth. Alain Juppé à Bordeaux, ou encore Jean-François Coppé à Meaux ont été également réélu dès dimanche soir. Le Modem sera en position d’arbitre dans un certain nombre de grandes villes – à Pau, François Bayrou a été devancé par son adversaire socialiste – et ce parti marchandera son soutien au plus offrant et au cas par cas. Le Parti communiste, malgré sa déroute historique à la présidentielle, limite la casse grâce à son art chevronné du clientélisme et à ses réseaux locaux. Il sera en mesure de se maintenir au second tour dans les 800 communes qu’il contrôle encore et a même remporté dés le premier tour les villes de Dieppe et de Vierzon.

Le FN remonte la pente

Jean-Marie Le Pen s’était montré prudent sur la capacité du Front National à attirer les voix des déçus du sarkozysme à l’occasion des scrutins de mars. « J’ai peur que ce soit la gauche qui bénéficie » des difficultés actuelles du Président de la République, déclarait-il il y a quinze jours à Bordeaux, et ce sans avoir aucun mérite particulier, simplement par le fait d’exister, d’être implantée et d’avoir son filet ouvert ». Or, « la gauche ne mérite pas d’être l’alternative du pouvoir sarkozien ». Malgré les très petits moyens financiers qui sont ceux du Front National, et qui l’ont contraint à présenter un nombre réduit de listes ; malgré la sociologie électorale de grandes villes comme Bordeaux, Lyon ou Paris notamment très peu favorable au Front ; malgré un type d’élection qui fait la part belle aux grosses machineries de l’UMPS et un scrutin dans lequel les considérations d’ordre purement politique ne sont pas les seuls critères de vote, le FN a obtenu des résultats encourageants. Mais il y a aussi des déceptions dans de nombreuses communes, notamment en Avignon, à Vitrolles, à Lorient, à Valencienne, où les listes frontistes ratent leur entrée au Conseil municipal dès le premier tour ou leur qualification pour le second à quelques voix seulement. A Hénin-Beaumont, le ticket Steeve Briois-Marine Le Pen obtient 28,5% des suffrages (44% pour la liste Dalongeville-Lienneman) là où l’opposition nationale était en droit, au vu du bilan désastreux du maire sortant et de la très belle campagne frontiste, d’attendre bien mieux. Reste que le FN réitère son score du premier tour des législatives de juin dernier sur cette commune, mais avec 500 voix de plus et augmente de 11 points le score obtenu par Steeve Briois en 2001. « Nous sommes les seuls à pouvoir battre le maire sortant au deuxième tour », a assuré Marine Le Pen. A Marseille, le Front National frôle souvent la barre des 10% dans les huit secteurs de la ville, mais ne sera en position de se maintenir que dans le septième secteur où se présentait la tête de liste Stéphane Ravier qui a totalisé 11,80%. Dans le huitième secteur Bernard Marandat a obtenu 13,57% (deux élus dès le premier tour). Le FN obtient en moyenne 8,78% à Marseille. Autres résultats allant dans le bon sens, Patrick Binder a obtenu 10,31% à Mulhouse, Alain Ricard 10,70% à Béziers, Yvan Benedetti 11,16% à Vénissieux, Jean-Pierre Kleinpeter 11,27% à Harnes, Dominique Joly 11,39% à Villeneuve Saint-Georges, Bernard Pinet 11,41% à Romans-sur-Isère, Patrick Bassot 11,58% à Carpentras, Monique Lartigue 11,81% à Cagnes-sur-Mer, Bernard Touchagues 11,91% à Vernon, François Dubout 12,35% à Calais, le Secrétaire général du FN Louis Aliot 12,29% à Perpignan, David Rachline 12,50% (deux élus dès le premier tour) à Fréjus, Joël Cheval 14,50% à Bourg-de-Péage, Michel Guiniot 16,98% à Noyon, Franck Briffaut 18,64% à Villers-Côteret, Claudine Chaussois 19,29% à Oignies, Jean-Claude Chaine 20% à Le Muy, Dominique Martin 23,60% à Cluses …

De bon augure

Mais ce sont surtout les élections cantonales, scrutin plus politique, qui confirment ce redressement du FN puisque dans de très nombreux cantons, le FN a souvent doublé ce dimanche son score des législatives comme l’a noté Marine Le Pen. Nous serons en mesure d’y revenir plus en détail dans notre prochaine édition. Présent dans environ 1050 cantons contre 1700 en 2001, restrictions financières oblige, le FN obtient logiquement au niveau national un pourcentage moins élevé – 4,86% des voix, contre 7% en 2001 et un total de 640 675 voix. Pour autant dans de très nombreux cantons le FN passe allégrement la barre des 10%. L’exemple de L’Eure-et-Loir est à ce titre assez emblématique nous a confié le Secrétaire départemental Philippe Loiseau. « Le FN a eu des résultats décevants aux municipales, notamment à Lucé, mais sur les quinze cantons renouvelables, tous ont dépassé la barre des 5% et quatre ont dépassé la barre des 10%, soit une moyenne de 8,5 %, contre 6% aux législatives de juin. Nous avions obtenu 8,96% en 2001 et un an après, Jean-Marie Le Pen se qualifiait pour le second tour de la présidentielle ! Nous sommes de nouveau sur la pente ascendante, d’autant qu’habituellement les cantonales sont plus difficiles que les législatives pour le FN. Cela est de bon augure pour les échéances des européennes et des régionales » a relevé le cadre frontiste. Le Bureau politique du FN se réunissait lundi matin pour analyser plus avant ce premier tour. Le Président du FN se félicitait d’ores et déjà hier d’« un net redressement du Front national qui était annoncé comme à l’agonie par beaucoup de nos concurrents ».

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