Quelques heures avant le début officiel des six mois de présidence française de l’UE, Nicolas Sarkozy s’était invité lundi soir sur France 3 pour débiter aux Français le discours que lui avait concocté ses amis publicitaires et autres spécialistes de la « com ». Faute de pouvoir peser sur une Europe supranationale qui nous dicte ses lois, le chef de l’Etat veut multiplier les diversions cosmétiques pour se refaire une santé et surtout masquer le fait qu’il ne dispose d’aucune marge de manœuvre. Plusieurs centaines de manifestations sont prévues jusqu’en décembre dans notre pays pour célébrer notre vassalisation à l’entité euromondialiste, soit trois ou quatre par jour, pour un budget estimé, a minima, à 180 millions d’euros. Plutôt pas mal pour un « Etat en faillite » selon l’aveu de François Fillon… M. Sarkozy a donc tenu à affirmer ce que nos compatriotes « inquiets » voulaient entendre. « On attend de l’Europe qu’elle protège les Européens contre les risques que fait peser la mondialisation, et c’est là que ça ne marche pas » a-t-il déclaré ; la BCE « devrait se poser la question de la croissance » et « pas simplement de l’inflation » a-t-il encore indiqué avant d’évoquer les quatre priorités à sa présidence : adoption d’un « paquet » de mesures en matière de climat et d’énergie, pacte européen pour l’immigration (sic), relance de l’Europe de la défense et agriculture… Jean-Marie Le Pen a relevé pour sa part que si le chef de l’Etat s’est empressé de déclarer également que « c’est une erreur de penser que l’échelon national serait plus performant », « que sur tous les plans nous avons besoin de l’Europe », M. Sarkozy a surtout démontré au cours de son intervention que « le gouvernement français ne peut pas agir parce qu’il faut l’accord des 27 Etats membres et que cet accord est généralement impossible à obtenir ». « Sans même parler de la Banque centrale européenne qui ‘fait le contraire de ce qu’il faudrait faire’, mais qui doit demeurer indépendante… ».
« Sujet test »…
Bref a noté le Président du FN, grâce à l’intervention de Nicolas Sarkozy, « les Français ont bien compris qu’il faut sortir de cette Europe-là, et que c’est vraiment devenu urgent, car la France est paralysée par la dictature eurocratique ». Des Européens qui sont très mal protégés par les cénacles bruxellois. Exemple emblématique, les eurodéputés ont exprimé largement leur refus jeudi – après les experts vétérinaires de 26 pays européens sur 27 – à l’exception de celui du Royaume-Uni, après 21 des 27 ministres de l’agriculture européens, de lever l’interdiction d’importer dans l’Union européenne des poulets chlorés américains. A la suite d’un rapport sanitaire accablant, cette interdiction d’importation avait été prise en 1997. C’est en l’espèce la Commission européenne qui maintient cette proposition de lever l’embargo, pour complaire à Washington afin, est-il expliqué par la Commission, que la demande des Etats-Unis « ne reste pas sans réponse ». Américains qui menacent de saisir l’OMC pour obliger l’Europe à importer ses infâmes poulets. Quant au commissaire européen aux Entreprises et à l’Industrie, Günther Verheugen, il a d’ailleurs vendu la mèche : « la priorité des États-Unis reste la question du poulet. C’est un sujet test pour savoir si nous sommes sérieusement pro-Américains »…
Ils ne ratifieront pas
Dans sa recension des éditoriaux de la presse nationale et régionale évoquant cette présidence française de l’UE, l’AFP a souligné le scepticisme ambiant sur les capacités du chef de l’Etat à pouvoir agir sur le réel. S’il y a un sujet et pour cause, sur lequel Nicolas Sarkozy a fait profil bas lundi, c’est sur le traité européen de Lisbonne qui après le désaveu populaire des Français et des Néerlandais, a été sèchement rejeté par les Irlandais. Alors même que Sarkozy avait manœuvré pour effacer le référendum de mai 2005 en faisant adopter le mini-traité par ses complices parlementaires de l’UMPS, le Président de la République a bien été forcé d’admettre qu’il n’y avait « pas trop de temps » pour contourner une nouvelle fois l’expression du suffrage populaire d’ici les élections européennes de juin 2009. Nous l’évoquions jeudi, si le Président de la République Tchèque Vaclav Klaus, a déclaré qu’ « avec ou sans le vote tchèque, le traité ne peut être ratifié et ne peut pas entrer en vigueur », le président polonais Lech Kaczynski a annoncé à son tour qu’il ne le ratifierait pas. « Le traité de Lisbonne, est désormais sans objet après son rejet par les électeurs irlandais », a-t-il estimé dans un entretien publié mardi. Un camouflet supplémentaire pour M. Sarkozy qui a déclaré lundi soir, comme lors du récent sommet de Bruxelles, que « la première priorité (des européistes) est de circonscrire le problème aux Irlandais » et de faire que les autres pays européens « continuent de ratifier ».
De la TIPP à la spéculation…
Comme les élus frontistes dans de nombreux Conseils régionaux, notamment dernièrement Michel Guiniot au nom de l’opposition nationale en Picardie, le groupe FN de Rhône-Alpes à demandé lundi à l’exécutif régional de faire un geste en faveur des automobilistes étranglés par l’augmentation du carburant. « On peut, comme la gauche, en blâmer les compagnies pétrolières et racketter Total sur ses bénéfices. Mais on peut aussi considérer que nos Régions perçoivent une part de la TIPP, ont relevé les frontistes. En Rhône-Alpes, cette part s’élève à plus de 0,6 € le litre de gazole, et 0,4€ le litre de super (montant calculé sur le prix à la pompe en 2007). Plus le prix à la pompe augmente, plus la Région perçoit de recettes, puisqu’on prélève en réalité un pourcentage ». Aussi, afin de « défendre le pouvoir d’achat de nos compatriotes et nos emplois », le groupe FN a fait savoir qu’il redemandera, lors de l’assemblée plénière du 10 juillet, et comme il l’avait fait en vain lors du vote du budget, « la suppression, ou à tout le moins la diminution, de cet impôt pénalisant pour les citoyens et les entreprises ». Les élus patriotes ont encore rappelé que le pétrole à 140 $ le baril est en réalité à 88 €, et le litre de super à 1,50€. En 2000, alors que le baril coûtait 60 $, nous le payions 72 €, mais à la pompe, moins de 0,9 € le litre de super ». Relevons encore qu’un mois avant la manifestation des routiers lundi contre la cherté du pétrole, le Ministre algérien du pétrole et président de l’OPEP, Chakib Khelil, a déclaré que les prix élevés du pétrole sont « plus liés à la spéculation » qu’à tout autre phénomène, soulignant qu’« il n’y a aucun problème d’approvisionnement ». Propos confirmés, précise Faits & Documents, par le responsable des recherches de l’OPEP, Hasan Qabazard, qui a indiqué que « la production pétrolière dépasserait la demande mondiale en 2008 et que, par conséquent, l’OPEP n’avait pas besoin d’augmenter la production cette année (…). La hausse vertigineuse du pétrole est purement artificielle et voulue par de grands groupes de pression (tel le Bilderberg Group) ».