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Tant mieux

La nouvelle de la libération d’Ingrid Bétancourt n’a pu que satisfaire Nicolas Sarkozy. Une heureuse diversion à l’heure des déficits monstrueux et de la baisse dramatique du pouvoir d’achat. Une divine surprise qui permet aussi de faire passer au second plan la démission très médiatisée du général Cuche. Mais aussi les menaces de départ de Patrick de Carolis de son poste de directeur de France Télévision pour protester contre les aménagements du service public voulus par le Chef de l’Etat. Dans la conférence de presse qu’il a tenue mercredi soir en compagnie de Bernard Kouchner et des enfants de Mme Bétancourt, M. Sarkozy a logiquement félicité, à l’instar de Jean-Marie Le Pen, le Président Alvaro Uribe et l’armée pour leur opération couronnée de succès. Outre Mme Bétancourt, détenue depuis six ans, quinze autres otages, dont des militaires américains ont pu être extraits des griffes des Farc. Une opération parfaitement menée par les militaires et les services de renseignements colombiens. Nous sommes loin du fiasco pathétique des deux opérations montées en juillet 2003 et avril dernier par les autorités françaises… L’armée nationale colombienne elle, a beaucoup gagné en efficacité ces dernières années grâce à l’aide logistique et technique des Etats-Unis mais aussi de l’Etat israélien. Une action couplée à des programmes de réinsertion sociale en direction notamment des déserteurs de cette guérilla. Ce volontarisme du gouvernement colombien s’est révélé autrement plus efficace que les ambigus comités de soutien lancés par les bobos français et autres parrainages de villes américaines qui n’ont eu comme effet que de faire monter le montant de la rançon exigée par les FARC pour la libération de Mme Bétancourt… On se rappellera également que Nicolas Sarkozy, recevant le président Uribe le 21 janvier à Paris, lui avait demandé de ne procéder à aucune action militaire et de privilégier le dialogue… Dans les faits, les narcotrafiquants marxisants des FARC, fragilisés par le mise hors d’état de nuire de certains de ses chefs, comme le numéro 2 de cette organisation terroriste, Raul Reyes le 1er mars dernier, ont beaucoup perdu de leur superbe, leurs effectifs ne s’élèveraient plus qu’à 10 000 hommes.

Pas si simple…

Loin de la légende dorée véhiculée par la plupart des médias français, François Hauter dans Le Figaro publié jeudi revient sur le parcours d’Ingrid Bétancourt. Celui d’une grande bourgeoise colombienne élevée dans un immense appartement avenue Foch, étudiante à Science-po ou elle rencontra son futur mari et se lia d’amitié avec Dominique de Villepin. En 1990, elle gagne la Colombie, quittant mari et enfants, « pour sauver la Colombie » et se fait élire député « en distribuant des préservatifs aux feux de croisement pour, dit-elle, protéger la Colombie du sida et de la corruption (…). Caracolant sur le cheval de bataille de la vertu et de la hardiesse elle créa son parti, Oxigeno Verde, avec son second mari, Juan Carlos Lecompte ». « Elle fut triomphalement élue sénatrice en 1998 ». Puis les choses ce gâtent, note François Hauter. En 2001, « cette notoriété l’amena à commettre une erreur lourde de conséquence ». « Elle publia, en France d’abord, une autobiographie que le public colombien n’oublierait pas avant longtemps. Elle y présentait son destin de femme admirable : « Je découvre surtout l’espoir que ma seule présence soulève dans le peuple », écrivait-elle passablement mégalomane. L’écrivain colombien Oscar Collazos railla son « irrémédiable snobisme » et les médias de Bogota, qui avaient payé le prix du sang dans la lutte contre les narcotrafiquants, se moquèrent des vantardises de la « Jeanne d’Arc des Andes ». Dès lors l’idée qu’elle avait trahi son pays, depuis la France, s’installa dans les esprits à Bogota ». Elle se présenta à la Présidentielle de 2002, distribuant du Viagra dans les rues, « pour redresser le pays », une campagne axée sur la lutte contre la corruption alors que ce « n’était plus la priorité des Colombiens qui ne rêvaient que de paix civile ». « Et sur ce sujet également, Mme Bétancourt fit fausse route : elle prônait la négociation avec les FARC alors que son rival Alvaro Uribe campait sur une ligne dure ». Trois mois avant le scrutin, elle était créditée d’un résultat désastreux de 2%, scrutin auquel elle ne participa pas puisqu’elle fut enlevée le 23 février trois mois avant le premier tour ». « La légende d’Ingrid a pris racine dans l’émotion de ses enfants. La famille, ce qui était naturel, mobilisa l’opinion publique. Elle ne le fit qu’en France car en Colombie, Mme Bétancourt ne suscitait pas de compassion particulière » relève encore M. Hauter.

Pourquoi…

Au-delà de la fin du calvaire d’Ingrid Bétancourt et de ses autres compagnons qui ont été sauvés mercredi, Jean-Marie Le Pen, au nom du Front National a dit espérer plus largement la libération des 3.000 otages toujours détenus par les FARC et le retour de la sécurité en Colombie. Le FN n’avait pas manqué de dénoncer les délires du gouvernement français qui par la voix de François Fillon, affirmait le 30 mars dernier sur TF1 que pour obtenir la libération de cette otage, la « France (était) prête à accueillir des militants des FARC ». FARC qui regroupent « une bande de gangsters crapuleux, prenant en otages de malheureux civils » comme l’a relevé le président du FN. Si, comme l’indiquait l’article du Figaro cité plus haut, la séquestration de Mme Bétancourt n’a jamais suscité en Colombie une grande empathie, Jean-Marie Le Pen expliquait en début d’année les raisons objectives de la sur-médiatisation de cette affaire par le gouvernement français. « Nicolas Sarkozy expliquait-il, a compris que l’élément compassionnel jouait aujourd’hui dans la politique-spectacle un rôle éminent. Donc il veut être branché sur tous les coups où l’on fait pleurer Margot ! ». Le Président du FN contestait aussi « la qualification de franco-colombienne » donnée à Mme Bétancourt. « Elle jouit de la double nationalité, que je réprouve, parce qu’elle a été mariée à un moment donné avec un Français. Mais sa démarche politique de candidate à la présidence colombienne en fait une colombienne pas une Franco-colombienne ! Bien sûr tout homme de cœur préférerait que Mme Bétancourt rentre à la maison avec les 3.000 autres otages des FARC. Mais cette tendance à sentimentaliser tous les problèmes à travers un exemple donné me paraît détestable. L’intérêt national ne peut être ramené à celui d’un seul individu » affirmait avec raison Jean-Marie Le Pen (FDA Quotidien du 03/04/2008).

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