Le rapport de M. Beaupuy est très instructif. On y parle de gouvernance de la politique structurelle et on y apprend que, bien au-delà d’un rééquilibrage des niveaux de développement de toutes les régions de l’Union européenne, le véritable but de la politique régionale menée par Bruxelles est de modifier en profondeur l’organisation territoriale des Etats membres et donc leurs structures administratives et politiques.
A vrai dire, cela n’est pas vraiment une surprise. Tout est fait dans cette Europe là pour contourner ou détruire les États-nations: par le haut, en confiant ses compétences au super-État européen ; par le bas, en promouvant, contre les traditions de certains États, contre les frontières naturelles ou identitaires des provinces, et à coup de milliards d’euros, la « région » comme échelon privilégié d’organisation infra-nationale ou la constitution d’espaces infra-nationaux transfrontières. L' »approche intégrée » de la législation européenne, dont se félicite le rapporteur, et qui consiste à prendre en compte cet échelon dans toutes les politiques européennes présentant un impact territorial, économique et social, participe à cette évolution.
Par delà les manipulations électorales, c’est certainement ce cadre d’analyse qu’il convient de donner au projet de réforme administrative de M. Sarkozy.