Terrible paradoxe, si la peine de mort a été abolie par la gauche en 1981, le nombre de détenus qui mettent fin à leur jour ne cesse d’augmenter. Notre pays qui possède, avec la Moldavie, le triste privilège d’offrir les conditions de détention les plus épouvantables, a enregistré 115 suicides de détenus en 2009, 109 en 2008. Ce taux est le plus élevé d’Europe de l’Ouest. Le ministre de la Justice Michèle Alliot-Marie a qualifié ces chiffres de « dramatiques ».
En août dernier, le garde des Sceaux avait annoncé des mesures de prévention : généralisation de « kits de protection », matelas anti-feu, draps indéchirables, pyjamas en papier pour éviter les pendaisons.
« Plus de 900 personnels pénitentiaires ont bénéficié » de formations visant à détecter les détenus qui présentent un risque suicidaire et à mieux les accompagner, a-t-elle déclaré lundi lors d’une conférence de presse. Elle a par ailleurs chiffré à 17 le nombre de suicides de surveillants.
Mme Alliot-Marie a réaffirmé que la politique pénitentiaire était « une priorité ». Elle a confié à l’ancien homme d’affaires Pierre Botton, qui a fait 20 mois de prison dans les années 1990 pour « abus de biens sociaux » dans le cadre de l’affaire Michel Noir, une mission visant à améliorer les conditions de détention des « primo-délinquants ».
Le ministre de la Justice a rappelé que 5 000 places supplémentaires de prison doivent être créées, pour atteindre 68.000 en 2017 et lutter contre la surpopulation carcérale. 12.000 places vétustes doivent être fermées et remplacées par des neuves.
Un effort bien insuffisant si l’on veut vraiment moderniser et humaniser les prisons françaises. Comme l’ont souvent répété les dirigeants du FN, être condamné à une peine de privation de liberté, ne doit pas être une condamnation à vivre dans des conditions d’hygiène déplorables, à subir brimades, pressions psychologiques, des atteintes à son intégrité physique, comme le viol, toutes choses qui expliquent aussi ce taux de suicide élevé.
En réalité, pour améliorer les conditions de détention, mais aussi faire face aux nécessités d’incarcération -les juges ne veulent plus condamner à de la prison ferme, ils savent que, souvent, la peine ne peut être matériellement exécutée-, ce sont 75 000 places de prison dont notre pays à besoin. Un effort qui permettrait vraiment d’éviter la surpopulation carcérale et de rendre possible l’application des peines, de séparer les différentes catégories de détenus. Les délinquants ne doivent pas être logés avec les criminels, la prison ne doit plus être l’école du crime…
Enfin, comment ne pas voir que la politique même de l’UMP est responsable de l’aggravation de la situation depuis 2002, y compris pour le personnel pénitentiaire dont le FN souhaite une revalorisation du statut social et professionnel. Chacun sait en effet que nos prisons sont peuplés majoritairement d’immigrés, de bi-nationaux et ou de français d’origine étrangère. Une ferme politique d’inversion des flux migratoires ne résoudrait pas tous les problèmes du jour au lendemain, mais il s’agirait déjà d’expulser les ressortissants étrangers condamnés afin qu’ils purgent leur peine dans leur pays d’origine.