Rappelons que sans entrer dans cette catégorie de «supers privilégiés», les autres Français s’acquittent eux aussi d’environ 50% de leur salaire en impôts directs et indirects, travaillant grosso modo six mois par an pour l’Etat. Et que l’on peut craindre que l’abolition éventuelle du bouclier fiscal soit utilisée demain par certains pour légitimer l’augmentation de la pression fiscale sur tous les Français…
Treize députés UMP cosignent ce jeudi une tribune dans Le Monde appelant à « suspendre le bouclier fiscal pour redonner du sens à la politique ». Le Président de la République a fait savoir aux élus de son parti qu’il a reçu à l’Elysée mercredi, qu’il n’entend pas céder sur cette promesse de campagne. Après avoir reculé sur la taxe carbone, M. Sarkozy ne souhaite pas se déjuger une seconde fois.
Le dilemme semble insoluble : soit apparaître comme un homme qui ne tient pas parole, soit accréditer l’idée que les plus riches seront épargnés par les sacrifices imposés aux autres Français, a fortiori au moment d’aborder la réforme des retraites. L’augmentation la CSG ou du RDS semble en tout cas inévitable notamment pour financer la nouvelle prestation dépendance et ce, malgré les promesses dans ce domaine du chef de l’Etat…
Si certains font valoir qu’il s’agirait également de s’attaquer aux « niches fiscales » (estimées à 70 milliards d’euros) au nom de l’égalité des citoyens devant l’impôt – mais un foyer français sur deux paye l’impôt sur le revenu– le ministre de l’Economie Christine Lagarde a indiqué aujourd’hui sur Canal plus que « le coût du bouclier fiscal, tourne autour de 586 millions d’euros » et a concerné environ 16500 contribuables en 2009. Un bouclier ont souligné nombre d’éditorialistes dont « la charge symbolique » -le sentiment d’injustice qu’il génère-, est bien supérieure à son réel poids économique et dont la suppression avance ses défenseurs, auraient pour effet de faire fuir les investisseurs.
Ce chiffre de 586 millions est en effet à comparer au 144,8 milliards d’euros de notre déficit public, lequel représentait 7,5% du PIB l’an dernier, 8,2% selon les prévisions en 2010. Or, selon les critères impératifs de Bruxelles, ce déficit ne doit pas dépasser les 3% du PIB, le gouvernement s’étant engagé à le ramener progressivement à ce pourcentage en 2013, tablant sur une croissance de 2,5% par an à compter de 2011. Ce que la Commission européenne juge totalement irréaliste…