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Pour quoi ? Pour qui ?

Hier, Un légionnaire du 2ème REP a été tué par des insurgés afghans dans la région de Tagab, en Kapissa. Blessé, le légionnaire a n’a pas survécu à ses blessures. Ce qui porte à  41 le chiffre des pertes françaises dans le cadre de la mission de l’Isaf en Afghanistan. Invité de RTL, le ministre de la défense Hervé Morin, pressenti pour être le  candidat du Nouveau Centre  à la présidentielle de 2012, a récité à la virgule près le bréviaire atlantiste en cours au sommet de l’Etat. « J’ai l’intime conviction que notre place et notre responsabilité, c’est d’être là-bas ». « Nous y sommes aussi longtemps que l’Afghanistan n’a pas reconstruit ses institutions » a déclaré M. Morin. 

La  mission de l’Isaf, a laquelle faisait référence le ministre,  est  définie par la résolution 1386 du Conseil de sécurité des nations unies  : « Conduite des opérations militaires dans la zone d’opérations pour aider le Gouvernement de la République islamique d’Afghanistan (GIRoA) dans l’établissement et le maintien d’un environnement sûr et sécurisé avec un engagement total des forces de sécurité nationales afghanes, en vue d’étendre l’autorité et l’influence du gouvernement, de manière à faciliter la reconstruction de l’Afghanistan et de permettre au GIRoA d’exercer sa souveraineté dans tout le pays. »

Mais le problème, c’est que le temps justement, joue en faveur des insurgés et pas de l’Isaf.  C’est  l’instabilité chronique de ce pays, marqué par un conflit identitaire récurrent, où tribus et ethnies se sont toujours affrontées  pour prendre le contrôle de l’Etat, la structure de l’Afghanistan étant fondée sur la domination des tribus pachtounes sur les tadjiks, ouzbeks, baloutches, turkmènes et autres hazaras chiites. 

C’est encore  l’absence de légitimité du  gouvernement islamique en place  aux yeux de la  très grande majorité de la population, pour ne rien dire de l’entourage d’Hamid Karzaï particulièrement  corrompu et trempant largement dans le trafic de drogue.  C’est également  le fait  que les troupes de l’Isaf, qui ne contrôlent en fait qu’une infime partie du territoire afghan, sont très majoritairement perçus non pas comme des libérateurs mais comme des occupants.

 Enfin, au-delà des belles déclarations sur « la lutte contre le terrorisme des talibans », « l’obscurantisme », la volonté de rétablir  « la démocratie », voire même de contribuer  « l’émancipation de la femme afghane », la réalité de la présence militaire de l’Isaf en Afghanistan c’est la volonté de Washington de contrôler les zones pétrolières  et de transit des oléoducs pétroliers dans la région. L’occupation de ce pays planifiée en 2001,  la mise en place d’un gouvernement favorable à Washington à sa tête, sont une nécessité pour inciter  les Russes à ne pas  déverser  vers la Chine leur production énergétique. Ce que  souligne Aymeric Chauprade qui relève également  que  les projets chinois de projection vers l’Asie centrale sont de facto bloqués par la présence américaine en Afghanistan.

A cette aune, la seule question qui mérite d’être posée est de savoir si les intérêts géopolitiques des Etats-Unis  sont forcément les nôtres, s’il s’agit d’un calcul gagnant pour  notre pays dans une logique d’indépendance nationale, et plus largement pour les pays européens s’ils étaient   décidés  à  s’émanciper de la tutelle américaine. La constitution du « Bloc boréal » appelé de ses vœux par Jean-Marie Le Pen,  regroupant autour d’un partenariat stratégique, technologique et économique accru   la vieille Europe et la Russie,  constituerait déjà un élément de réponse.

 

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