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« Les dirigeants de la droite ne peuvent pas nous rejeter et ensuite se plaindre ! »

Après le Figaro, Bruno Gollnisch a répondu aux questions de Ségolène Gros de Larquier pour le site en  ligne du magazine Le Point (lepoint.fr).

 

 

 

 Le Point : Que retenir de la présidence de Jean-Marie Le Pen ?

Bruno Gollnisch : Il faut saluer son charisme et son extraordinaire persévérance, ce qui est la première des qualités en politique. Jean-Marie Le Pen a été de tous les combats – y compris sur les champs de bataille – et il a toujours servi la cause de son pays. Il n’a pas craint d’affronter l’élection présidentielle de 1974, où il a remporté moins de 1 % des suffrages, avec tout ce que cela représente comme coût, difficultés et amertume. Mais il a poursuivi dans l’adversité. Indiscutablement, il a la stature d’un chef d’État. Il est certain que la présidence après Jean-Marie Le Pen ne sera pas la présidence de Jean-Marie Le Pen ! Pour le FN, ce sera le test de maturité et de sa capacité à incarner dans la durée la cause nationale.

 

Qu’est-ce qui vous différencie de votre rivale Marine Le Pen ?

BG :Je ne me positionne pas par rapport à Marine Le Pen. J’ai un certain vécu, ma propre expérience professionnelle, politique et humaine. J’ai été doyen de faculté – le plus jeune de France -, avocat international, j’ai vécu en Extrême-Orient, j’ai fondé une famille… Je suis aussi officier supérieur de réserve de la marine. Je ne suis pas l’envers de Marine Le Pen ! Nous sommes tous les deux en compétition, mais pas des ennemis mortels. Au-delà de nos ambitions personnelles – qu’elles soient légitimes ou non -, quand on sert une même cause, il y a un certain nombre de choses qui nous rapprochent… Nous faisons partie de la même formation politique ! Peu avant le congrès de janvier, je ferai connaître mes positions et définirai la stratégie que j’estime utile pour le Front national, mais sans nécessairement me situer par rapport à Marine.

 

Aujourd’hui, Marine Le Pen part pourtant favorite…

BG :À l’aune de l’audience médiatique actuelle, il est vrai que je ne suis pas favori. Mais, il y a quelque temps, pas un commentateur sportif n’aurait misé un kopeck sur les chances du club amateur de Quevilly en Coupe de France ! Pourtant, le club se retrouve aujourd’hui en demi-finale ! Bref, je crois que j’ai mes chances pour succéder à Jean-Marie Le Pen. Au sein de notre mouvement, je bénéficie d’un grand degré d’estime et de sympathie. Lors de ma campagne pour les élections régionales, les salles de meeting étaient pleines !

 

À l’avenir, un rapprochement est-il possible avec l’UMP en vue de prochaines élections ?

BG :Au sein de l’UMP, ils ont mis du temps avant de s’apercevoir qu’ils auraient besoin de s’entendre avec leur droite s’ils ne veulent pas tout perdre ! Mais c’est leur problème ! Pour le moment, je ne vois pas comment on peut s’entendre avec une UMP qui fait campagne sur des thèmes de droite et qui, ensuite, ne pratique que l’ouverture à gauche. C’est la continuation des trahisons auxquelles les libéraux et les conservateurs nous ont habitués. Tout est possible si l’UMP change radicalement d’attitude ! Si, comme les moralistes le recommandaient, il y a du côté de l’UMP un repentir sincère, la ferme résolution de ne pas recommencer et s’il y a aussi pénitence, alors, à ce moment-là, on verra ! Mais il faut que ces trois conditions soient réunies.

 

Il paraît loin le temps des alliances régionales entre la droite et le FN…

 BG :Rappelez-vous les résultats de 1998 : en Rhône-Alpes, j’ai fait élire l’UDF Charles Millon à la tête de la région en donnant les suffrages de mon groupe… Jean-Pierre Soisson (Bourgogne), Jacques Blanc (Languedoc-Roussillon) et Charles Baur (Picardie) ont eux aussi été élus avec les voix du FN. Mais il faut voir ce qu’il s’est passé ensuite : ils ont été marginalisés et finalement exclus de leur formation politique. Les dirigeants de la droite ne peuvent pas nous rejeter et ensuite se plaindre !

En attendant, cette année, lors des régionales, des candidats de la majorité ont assimilé le vote FN à un soutien de la gauche…

 BG :C’est grotesque ! C’est ce qu’a raconté Mme Grossetête, ma concurrente UMP en Rhône-Alpes. Moi, j’ai répondu : « Vous voulez qu’on fusionne au second tour pour battre la gauche ? Moi, je suis partant ! Et vous ? » Mais c’était une boutade, car j’étais sûr qu’elle refuserait. Ce refus déconsidère leur récrimination : si l’UMP veut s’entendre avec le FN, il n’a qu’à entreprendre les démarches en ce sens au lieu de changer perpétuellement les modes de scrutin pour nous tuer. C’est d’ailleurs le seul domaine pour lequel l’UMP va jusqu’au bout de ses réformes.

 

 

 

 

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