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Le sommet Afrique-France et ses « amis »

On se souvient des discours enflammés de Nicolas Sarkozy, alors en pleine campagne présidentielle clamant son attachement au droits de l’homme, fustigeant notamment la lutte musclée de Moscou contre le terrorisme tchétchène,  droits de l’homme qui  devaient servir de guide à la diplomatie française,  et au lendemain de son élection  son souhait de remettre  à plat les relations entre Paris et les dirigeants de  l’Afrique francophone. De  l’eau a coulé depuis sous les ponts, Omar Bongo a « eu la peau » en mars 2008  du secrétariat d’Etat à la Coopération de Jean-Marie Bockel,  lequel avait osé appeler à signer « l’acte de décès de la Françafrique »  et la secrétaire d’Etat aux droits de l’homme, Rama Yade, a été  priée poliment de s’intéresser désormais   à la jeunesse et aux sports…

A l’occasion du 25ème  sommet Afrique-France se déroulant à Nice, Nicolas Sarkozy a tenu cependant à imprimer sa marque en supprimant le coutumier dîner réunissant les  dirigeants des ex colonies françaises et le chef de l’Etat, ouvert cette année à l’ensemble des pays du continent africain.

« Permettez-moi de vous dire à tous  a déclaré le chef de l’Etat à la  quarantaine de dirigeants africains  que la France vous considère tous comme des amis, comme des partenaires, comme des hommes et des femmes d’expérience ». « Il m’a semblé que la distinction entre les amis et les autres – et comment qualifier les autres? – n’avait plus guère de sens », a-t-il ajouté. Nicolas Sarkozy a pris grand soin de présenter ce sommet comme celui  de la « rénovation » et de la rupture avec les anciens et traditionnels  réseaux d’influences. Mais dans les faits,  derrière le discours    sur le thème « nous n’avons que des amis en Afrique »,  M. Sarkozy se contente de prendre acte du   désengagement économique et militaire  de Paris en  Afrique,  du  recul de l’influence  française, face à la montée en puissance des  anglophones,  de la concurrence de plus en plus agressive de la Chine et de pays émergents comme le Brésil et l’Inde. Nos échanges commerciaux avec les pays africains ne représentent plus  que 2% des échanges français, vingt fois moins que dans les années soixante.

Quant au  président sud-africain Jacob Zuma, il   s’est même   « gentiment » permis de  souligner  lundi sur l’antenne de France 24 que le pays phare des droits de l’homme et grand donneur de leçons en la matière,  était peu regardant sur la qualité de ses invités. 

Interrogé par France 24 sur la présence à ce sommet des chefs des juntes et putschistes  de Guinée Sékouba Konaté et du Niger Le général Salou Djibo, M Zuma a déclaré: « Nous souhaiterions que ces gens n’aient pas cette reconnaissance, parce que s’ils sont reconnus ici au même niveau pratiquement que les autres chefs d’Etat, cela pose un problème pour l’Afrique ». Reste qu’à l’aune de l’obligation  du strict  respect des droits de l’homme et  de la   démocratie, ce sommet ne réunirait pas grand monde

Il est également  loisible de s’interroger sur les bienfaits de la démocratie à l’occidentale appliquée à l’Afrique, des tentatives ou des possibilités  d’acclimatation de celle-ci dans l’Afrique des ethnies et des tribus. A cet égard, M. Zuma pourrait d’ailleurs être plus discret dans ses critiques au vu de la situation qui règne dans son pays…

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