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Mélenchon et l’hypothèse Strauss-Kahn

DSKLe sondage publié hier dans Libération  donne encore trente points d’avance à Dominique Strauss-Kahn sur sa concurrente directe, Martine Aubry, dans la course engagée pour la présidentielle de 2012.  Le  directeur en titre  du FMI  n’en accuse pas moins logiquement  un sévère déficit d’image « à la gauche de la gauche » relève cette enquête d’opinion. Fort de ce constat, et désireux de s’engouffrer dans la brèche créée par les rivalités d’ego  rue de Solferino, Cécile Duflot (Verts) et Jean-Luc Mélenchon (Parti de Gauche), composante principale  du Front de Gauche avec le PC,  se sont retrouvés hier au siège du parti écolo pour une réunion qui s’est déroulée « dans un climat amical, convivial et constructif ».  

M. Mélenchon a déclaré  il y a quelques jours, que la politique suivie par DSK est « en train d’asphyxier l’économie mondiale ».  Cela rendrait « extrêmement compliqué le rassemblement de la gauche » au deuxième tour en 2012, a-t-il ajouté.  Mme Duflot a concédé de son côté qu’une  candidature du ponte du FMI   lui « chiffonnerait un peu le nez » car il  « assume une politique libérale et préconise une rigueur insupportable ».

Enfin, il a encore été expliqué mardi  que  Europe Ecologie  et le Parti de Gauche  qui « ont discuté entre partis écologistes», ont une « approche commune des urgences sociales et écologiques et de leur accélération par la crise », et partagent « des mobilisations en commun comme les retraites et les travailleurs sans-papiers ».

Derrière la langue de bois et les postures, il est pourtant évident que la capacité d’un Jean-Luc Mélenchon, ex trotskyste lambertiste, ex socialiste, ex militant de SOS racisme et de la Ligue des droits de l’homme  à apparaître comme le défenseur du peuple laisse songeur.  Dénonçant aujourd’hui la politique du FMI portée par Strauss-Kahn, il proposa pourtant il y a quelques mois au moment des régionales une alliance  à Daniel Cohn-Bendit, dont le programme ultra-libéral, européiste et atlantiste est censé être, hormis sur le point de la poursuite  de l’immigration sur lequel  ils se rejoignent,  à l’opposé du sien…  Cohn-Bendit a d’ailleurs réaffirmé hier  « (n’avoir) aucun problème avec Dominique Strauss-Kahn » ;  au cas où  cela aurait échappé à quelqu’un…

Si la création  du Front de Gauche a été programmée dans l’esprit de ses concepteurs  pour pouvoir peser sur la composition du futur  gouvernement  en cas d’alternance en faveur de la gauche en 2012, il est certain que l’hypothèse Strauss-Kahn ruinerait tous les efforts de Mélenchon pour imposer sa candidature à la présidentielle. Difficile d’aller à la gamelle ministérielle dans ce cas de figure sans passer pour un « baltringue »…Il restera toujours à cet ultra-jacobin   la possibilité de se livrer à ce qu’il sait faire de mieux, clamer haut et fort sa haine de l’opposition nationale en  agitant le chiffon rouge pour tenter d’en détourner les déçus de la gauche. C’est son utilité première au sein du Système.  Ce n’est pas pour rien  qu’il réserve ses  coups les plus durs aux patriotes et  nationalistes  adversaires de la dictature bruxelloise.

Partisan de l’interdiction de réunion du Front National, « il faut réduire le FN à néant » déclarait ce grand démocrate en 1992, « jamais je n’accepterai (la) victoire (de Jean-Marie Le Pen),  même si elle vient des urnes ». Nous ne sommes pas prêts à lui retourner ce pronostic.

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