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Gardiens du dogme, gardiens du bon goût…

Récent lauréat du prix Saint-Simon –qui doit se retourner dans sa tombe !-  Bernard-Henry Levy est aussi un expert en  bon goût vestimentaire. Il s’est déchaîné  contre l’entretien réalisé du président iranien Mahmoud Ahmadinejad  par la journaliste de TF1 Laurence Ferrari. Mardi dernier, sur le plateau du  Grand Journal de  Canal+, il s’en est pris violemment à Mme Ferrari et à ses questions d’une  « mièvrerie confondantes».  «  Je suis choqué, a-t-il déclaré.  On n’était pas obligé d’offrir cette tribune sur un plateau d’argent à Mahmoud Ahmadinejad, à quatre jours d’un rendez-vous majeur pour l’Iran que sont les manifestations (de l’opposition iranienne)  de samedi prochain ». Et le philosophe pipo(le) de lâcher le mot qui tue : cet entretien est un «  petit Munich ».  En avant pour la Troisième guerre mondiale !

Notre atlantiste de choc version Saint-Germain-des-Prés ne s’est pas arrêté en si bon chemin, puisqu’il a aussi reproché à Laurence  Ferrari d’avoir conduit cet entretien  la tête coiffée  du  foulard  en usage en Iran .  «  Quelle allure ça aurait eu, si elle y était allée non voilée! Est-ce qu’on est obligé de se déguiser dans l’accoutrement exigé par un dictateur » a-t-il péroré.

Encore une fois le piètre essayiste est à côté de la plaque, puisque la journaliste de TF1 n’a fait que se conformer aux traditions vestimentaires coutumières d’un pays étranger,  dans lequel elle s’est rendue, à sa demande,  pour interroger un chef d’Etat.  Cela s’appelle du savoir vivre et du respect pour une tradition, même si on  est tout à fait libre par ailleurs de ne pas souhaiter  qu’elle s’exporte plus avant dans une autre aire civilisationnelle que celle de l’islam.  

Autre grand prêtre du microcosme, militant anti-national et   adepte  des campagnes de l’Otan,  Philippe Val s’est signalé  à l’attention des auditeurs de France Inter.  Nommé par Nicolas Sarkozy à la tête de cette station, l’ex directeur de Charlie Hebdo  a convoqué pour le blâmer le « comique » gauchiste  Didier Porte coupable d’avoir prononcé quatre fois à l’antenne dans un de ses sketchs la phrase « j’enc… Sarkozy ». Une colossale finesse et délicatesse bien dans le ton des chroniques de M.  Porte qui a suscité  « le malaise » de nombreux journalistes de cette antenne, à commencer par Nicolas Demorand. M. Porte ne devrait pas voir sa chronique reconduite à la rentrée selon le post.fr.

 Beaucoup s’y attendait puisque ce dernier n’est pas dans les petits papiers  de l’autre ponte (de gauche)  de France Inter,  Jean-Luc Hees,  qui  dit « ne pas supporter » les chroniques de Porte,  lequel fut en outre  dès le départ dans le collimateur de Val, « l’humoriste »  ayant soutenu Siné quand celui-ci  quitta   Charlie Hebdo pour fonder un Siné hebdo du même tonneau.

Au nombre des arguments invoqués par M. Val pour critiquer M. Porte, le directeur de France Inter, lui-même  ancien « comique » alors en duo avec   le tristement célèbre  Patrick Font, explique que ce « j’enc… sarkozy » ordurier est en outre une insulte, horresco referens,  à connotation « sexiste ». Encore un peu et le délit « d’homophobie » était avancé…

Val, à la tête pendant des années d’un journal qui a toujours accordé dans ses colonnes une place prépondérante aux propos et aux  dessins grossièrement scatologiques –pour rester poli-  donne donc  désormais lui aussi des leçons d’élégance et de maintien. La vie réserve décidemment bien des surprises.

 

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