Angela Merkel a donc exigé, et obtenu, que ce pilotage économique soit mené au niveau des vingt-sept pays de l’Union européenne. Pour éviter de trop humilier son partenaire, Mme Merkel a tout juste concédé qu’ « en cas de besoin », le conseil de l’Eurogroupe pourrait se réunir pour traiter des questions relatives à la monnaie unique, sans qu’une nouvelle administration ne soit créée.
Au-delà des conflits d’intérêts, des divergences des uns et des autres sur la manière de sauver l’euro, c’est bien pourtant la viabilité même du concept de monnaie unique, imposée à des économies par trop disparates, qui est contestée par un nombre sans cesse croissant d’économistes…et par les européens eux-mêmes. Si le Front National « porte » historiquement la bannière de l’opposition à l’euro, l’opinion publique française se rallie massivement aux analyses qui sont les nôtres sur les conséquences désastreuses de l’abandon de notre souveraineté monétaire.
Selon un sondage Publicis Consultants et TNS Sofres réalisé pour Europe 1, itélé et Le Monde rendu public aujourd’hui, 62% des Français estiment que l’euro « a tendance à aggraver les effets de la crise » , tandis que 78% « ne sont pas confiants dans l’amélioration de la situation économique », 86% « ne croient pas en une amélioration de la situation de l’emploi, ni en l’amélioration des déficits publics » (86%).
Dans le détail, 76% des ouvriers et 85% des employés pensent que « l’euro est un facteur aggravant de la crise ». Il est intéressant de relever également un autre enseignement de cette enquête d’opinion, à savoir que même les électeurs des formations politiques campant sur des positions européistes ne sont plus convaincus par la propagande officielle selon laquelle l’euro est un bouclier efficace pour garantie la compétitivité de l’Europe et notre prospérité économique.
Ainsi, logiquement, si 77% des « sympathisants du FN » jugent négativement l’euro, une majorité des sympathisants de l’UMP (49% contre 46%), 64 % des « sympathisants de gauche » (et même 52% des électeurs Verts, traditionnellement très pro européens) estiment que « l’euro aggrave la crise ». Seuls les cadres (à 59%) et les individus diplômés de l’enseignement supérieur (48%) estiment dans leur majorité que l’euro nous « protège » de cette crise. Nous les invitons donc à abandonner la lecture du Nouvel Observateur pour les écrits des Prix Nobel Allais et Stiglitz…