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De la « mutualisation des risques »

L’Espagne est-elle dans une situation économique aussi critique que la Grèce, sera-t-elle obligée de  faire appel à l’aide financière de la zone euro? Lundi la Commission européenne,  le gouvernement allemand et espagnol   démentaient avec force  la préparation d’un plan d’aide financier européen pour l’Espagne. Une montée au filet rendue nécessaire par la parution   dans la presse outre-Rhin  d’articles  à ce sujet. Carlos Ocaña,  le secrétaire d’Etat espagnol à l’Economie et au Budget a notamment juré la main sur le cœur   que L’Espagne n’est pas en train de négocier avec une quelconque institution européenne un financement additionnel.»

Dénégations qui sont battues en brèche par la presse espagnole alors que le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, est attendu demain  à Madrid. Selon le quotidien El Economista, l’UE et le FMI sont en train de préparer un plan d’aide pour l’Espagne, prévoyant une ligne de crédit d’entre 200 et 250 milliards d’euros: «Des techniciens de l‘UE, du FMI et du Trésor américain mettent en place un plan de liquidités pour l’Espagne, une formule plus douce que le plan de sauvetage utilisé pour la Grèce».  

Ce journal précise même que la décision d’activer ce  plan   «pourrait avoir été prise lors d’une réunion extraordinaire et secrète de l’organisme directeur du FMI, convoquée exclusivement pour parler de la situation économique espagnole».

Un plan de sauvetage qui s’inscrit dans la politique de « mutualisation des risques » décidées par les dirigeants de l’UE le 8 mai . Or,  Alain Dumait rappelait le 2 juin  que « l’euro a été institué par le traité de Maastricht, qui pose dans son article 125 le principe du non-sauvetage d’un membre du club par les autres. Un pays membre de l’euro est seul responsable de ses dettes».

«C’est d’ailleurs pourquoi il doit respecter des critères de bonne gestion. Mais, comme ces critères n’ont été respectés par personne, l’ensemble de la zone est menacé par le poids de ses dette ».  La « solution » trouvée a donc été  dans la mise en place de ladite « mutualisation des risques ».

Soit «  la création d’une sorte de  Fonds monétaire européen , doté de 750 milliards d’euros (…). D’abord réticente, la chancelière allemande soutient cette idée de son ministre Wolfgang Schäuble. Sarkozy (qui n’a pas le choix) s’y rallie au matin du 8 mai. L’Europe vient de changer de nature ». Mais comme souvent relève-t-il,  il y a une logique à ce coup de force. Le 8 mai, l’Eurozone ne pouvait pas faire autrement que de mutualiser les risques liés aux dettes publiques (…)».

Aussi, « désormais, l’Europe fera son affaire personnelle du sauvetage de tout pays de l’Union en difficulté financière (…). Chaque pays de cette nouvelle Europe « à 26 » (…) devient solidaire de la mauvaise gestion des autres. Cette garantie va coûter à la France – déjà endettée jusqu’au cou – 111 milliards d’euros ».

  Cette mutualisation est une véritable «  révolution »poursuit Alain Dumait,  « parfaitement contraire aux traités européens. C’est pourquoi on peut parler de  coup d’État . Il faudra donc  légaliser après coup. Modifier les traités. En particulier celui dit de Lisbonne, qui reprend Maastricht. On ne voit pas qu’un référendum général puisse être évité… Or, on se souvient que le 20 septembre 1992 le traité de Maastricht n’avait été adopté en France qu’avec 51 % des suffrages exprimés. Depuis, on peut soutenir que l’idée européenne (version UE) est devenue minoritaire dans l’opinion. Y aurait-il une majorité, en France, pour approuver le coup d’État européen du 8 mai 2010 ? Il est permis d’en douter… ». Doute renforcée par les récentes  enquêtes d’opinion sur la perception de la monnaie unique par nos compatriotes.

« On peut aimer l’euro ou pas conclut M Dumait,  mais il faut savoir qu’un pays peut très bien garder sa monnaie nationale. À la condition d’être sérieux. Citons : l’Australie, le Canada, la Norvège, la Suisse. Quatre modèles de prospérité… ».

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