Nous l’évoquions il y a peu sur ce blog, les deux pontes, également de gauche, qui président aux destinées de France Inter, et qui doivent leur couronne à Nicolas Sarkozy, Philippe Val et Jean-Luc Hees, ont MM. Porte et Guillon dans le nez depuis longtemps. Jean-Luc Hees s’irrite des outrances et de l’irrévérence de Guillon et a dit et répété qu’il ne « (supportait pas) les chroniques de Porte ». Même son de cloche de Philippe Val, qui du haut de son magistère moral, traque sur France Inter les entorses à la bienséance.
Rappelons qu’à l’époque où le délicat atlantiste Philippe Val formait un duo « comique » avec son complice Patrick Font –condamné en 1998 à six ans de prison pour « attouchement sur mineurs dans un cadre institutionnel »- l’affiche de l’un de leur spectacle représentait l’ex ministre François Léotard travesti en moine, en train de se faire sodomiser . La classe… A la tête jusqu’à récemment de Charlie hebdo, autre sommet incontournable du bon goût « à la française », Val avait particulièrement Porte dans le collimateur, celui-ci ayant soutenu Siné quand il quitta Charlie Hebdo pour fonder Siné hebdo…
Cette exécution en rase campagne des deux humoristes, n’est pas pour renforcer la cote de MM. Val et Hees. Dans Backchih info, un article dégomme avec la manière les deux obligés du mari de Carla Bruni, à commencer par « le grand Val, réincarnation de Voltaire, qui sait le bien du mal et l’assénait en pénibles dissertations dans les colonnes de Charlie Hebdo ». « Enfermé dans sa tour d’ivoire, détesté dans les couloirs de France Inter où la rédaction vient de voter une motion de défiance à son encontre, son ego le rongeait. Celui qui déclarait il y a encore peu vivre une histoire d’amour avec la démocratie s’est révélé être un petit caporal souffrant qu’on ne l’adule autant que lui chérissait son unique galon ».
« France Inter est une radio qui coûte cher à l’actionnaire, qui n’est pourtant pas très bien traité par la station déclarait le Papa Schulz des ondes en janvier. La messe était dite. Sauf que l’actionnaire, c’est le peuple qui paie ses impôts, pas le prince qui en dispose. Mais en Sarkozie, même les principes les plus élémentaires de la démocratie se tarissent. On veut bien les croire, Jean Luc Hees et Philippe Val, quand ils assurent qu’ils ne subissent pas de pression politique. Pas besoin, les courtisans poudrent leurs perruques avant même le lever du Roi, et tant pis pour le ridicule, l’important est d’être à Versailles »…
Apprenant l’éviction de Didier Porte et Stéphane Guillon, Jean-Luc Mélenchon a évoqué un phénomène de « normalisation intellectuelle ». N’étant ni de la « paroisse » des deux humoristes sus nommés, dont on est tout à fait en droit de ne pas apprécier les saillies verbales, ni de celle du leader du Front de Gauche, nous n’en défendons pas moins la liberté d’expression et cette tradition historique qui veut que les égos de nos dirigeants soient dégonflés et égratignés par les « bouffons », hier à la cour, aujourd’hui sur les plateaux de télévision et de radio.
Mais il s’agit de ne pas oublier que ladite « normalisation » touche en premier lieu dans le petit monde médiatique les personnalités qui ont une sensibilité « nationale », lesquelles, à d’infimes exceptions près, sont bannies du paysage audiovisuel, et ce quelle que soit l’étiquette politique du locataire de l’Elysée et de ses relais.