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France Inter, la « normalisation » ne date pas d’hier

Le pouvoir politique a-t-il exigé et obtenu la peau de deux humoristes sévissant avec un vrai succès d’audience sur France Inter, Stéphane Guillon et Didier Porte, soucieux de s’en débarrasser sur « la radio préféré des Français »  dans la perspective de la présidentielle de 2012 ? Un soupçon qu’une partie de la gauche a relayé  lorsque la  nouvelle a été connue.

Nous l’évoquions il y a peu sur ce blog, les deux pontes, également de gauche, qui président aux destinées de France Inter, et  qui doivent leur couronne à Nicolas Sarkozy,   Philippe Val et Jean-Luc Hees,  ont MM.  Porte et Guillon    dans le nez depuis longtemps. Jean-Luc Hees  s’irrite des outrances et de l’irrévérence  de Guillon  et a   dit et répété qu’il ne « (supportait pas)   les chroniques de Porte ». Même son de cloche de Philippe Val, qui du haut de son magistère  moral, traque sur France Inter les entorses à  la bienséance.

Rappelons qu’à   l’époque où le délicat atlantiste Philippe Val   formait un duo « comique » avec son complice Patrick Font –condamné en 1998 à six ans de prison pour « attouchement sur mineurs dans un cadre institutionnel »-   l’affiche de l’un de leur spectacle représentait l’ex ministre François Léotard  travesti en moine,  en train de se  faire sodomiser . La classe… A la tête jusqu’à récemment de Charlie hebdo, autre sommet incontournable  du bon goût « à la française », Val avait particulièrement Porte  dans le collimateur,  celui-ci   ayant soutenu Siné quand il    quitta   Charlie Hebdo pour fonder  Siné hebdo

Cette exécution en rase campagne des deux humoristes, n’est pas pour renforcer  la cote de MM. Val et Hees.  Dans Backchih info,  un article dégomme  avec la manière les deux obligés du mari de Carla Bruni, à commencer par « le grand Val, réincarnation de Voltaire, qui sait le bien du mal et l’assénait en pénibles dissertations dans les colonnes de Charlie Hebdo ». « Enfermé dans sa tour d’ivoire, détesté dans les couloirs de France Inter où la rédaction vient de voter une motion de défiance à son encontre, son ego le rongeait. Celui qui déclarait il y a encore peu vivre  une histoire d’amour avec la démocratie  s’est révélé être un petit caporal souffrant qu’on ne l’adule autant que lui chérissait son unique galon ».

 « France Inter est une radio qui coûte cher à l’actionnaire, qui n’est pourtant pas très bien traité par la station  déclarait le Papa Schulz des ondes en janvier. La messe était dite. Sauf que l’actionnaire, c’est le peuple qui paie ses impôts, pas le prince qui en dispose. Mais en Sarkozie, même les principes les plus élémentaires de la démocratie se tarissent. On veut bien les croire, Jean Luc Hees et Philippe Val, quand ils assurent qu’ils ne subissent pas de pression politique. Pas besoin, les courtisans poudrent leurs perruques avant même le lever du Roi, et tant pis pour le ridicule, l’important est d’être à Versailles »…

Apprenant l’éviction de Didier Porte et Stéphane Guillon, Jean-Luc  Mélenchon a évoqué un phénomène de « normalisation intellectuelle ». N’étant ni  de la « paroisse » des deux humoristes sus nommés, dont on est tout à fait en droit de ne pas apprécier  les saillies verbales,  ni de celle  du leader du Front de Gauche, nous n’en défendons pas moins la liberté d’expression et cette tradition historique qui veut que les égos de  nos dirigeants soient dégonflés et égratignés  par les « bouffons », hier à la cour, aujourd’hui sur les plateaux de télévision et de radio.

Mais il s’agit de ne pas oublier  que ladite « normalisation » touche en premier lieu dans le petit monde médiatique les personnalités qui ont une sensibilité « nationale », lesquelles, à d’infimes exceptions près, sont bannies du paysage audiovisuel, et ce quelle  que soit l’étiquette politique du locataire de l’Elysée et de ses relais.

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