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« Une crise de régime »

Edwy Plenel, qui préside aux destinées du site Mediapart , peut se vanter d’avoir mis à jour avec le dossier Woerth-Bettencourt une affaire du calibre de celle qui génère des crises politiques majeures. L’ex trotskyste et ancien du Monde a déjà à son palmarès la révélation du scandale dit des « Irlandais de Vincennes », les affaires Pechiney, Chaumet, Carrefour du développement et il fut à l’origine de la démission du ministre de la défense Charles Hernu dans le cadre de l’affaire Greenpeace –sabotage par la DGSE du Rainbow warrior ». Il s’apprête peut être à accrocher le scalp de l’actuel ministre du Travail à son mur des trophées, voire même à « taper » plus haut…

Selon les derniers développements sur le cas Woerth rapportés par Mediapart,  Claire T., l’ex-comptable d’André et de Liliane Bettencourt, affirme que le couple le plus riche de France remettait régulièrement des enveloppes d’argent liquide à des personnalités politiques, notamment à MM. Woerth et Sarkozy, « arrosage » dont bénéficiait plus largement l’UMP et le Parti Républicain. Claire T. s’est expliquée sur sa décision de parler : « J’en ai marre de voir tous ces gens ne pas assumer leurs responsabilités, raconter n’importe quoi. Il est temps de dire ce qu’il s’est passé. Et puis, après tout, moi je n’ai rien à me reprocher. »

Entendue lundi au siège de la Brigade de répression de la délinquance économique (BRDP) dans le cadre de l’enquête préliminaire sur les enregistrements clandestins, celle qui fut comptable du couple Bettencourt de mai 1995 à novembre 2008 a « dit à la police » qu’une somme de 150 000 euros en liquide avait été versée à Eric Woerth pour financer la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007, a indiqué mardi à l’AFP son avocat, Me Antoine Gillot.

Auparavant, ce financement en espèces aurait également profité au candidat Edouard Balladur en 1995. Générosité en faveur de la campagne présidentielle de l’ex Premier ministre de Jacques Chirac qui a été rapprochée également du drame de l’attentat de Karachi en 2002 qui coûta la vie à onze ingénieurs français. Selon Libération, M. Balladur aurait reçu il y a quinze ans 10 millions de francs (1,5 million d’euros) en espèces provenant de rétrocommissions occultes liées à la vente de sous-marins français au Pakistan. Le trésorier de la campagne avait ainsi vu arriver sur le compte cette somme en billet de 500 francs, censée provenir de la quête effectuée à la sortie des meetings balladuriens…

Si cet argent, comme il est supposé par certains, provient de « commissions » versées à des intermédiaires pour faciliter l’obtention de contrats, la question est également de savoir si le ministre du Budget d’alors, Nicolas Sarkozy, pouvait ignorer l’existence desdits versements -voir nos articles en date des 28 avril et 22 juin.

L’affaire Woerth-Bettencourt, étant désormais solidement installée sur le devant de la scène médiatique, et les dénégations distillées dans les allées du pouvoir ne parvenant pas à dissiper un malaise grandissant, « plusieurs membres de l’UMP » ont fait savoir que Nicolas Sarkozy « réfléchit à une intervention » publique . Certes, François Baroin a déploré ce matin des « rumeurs, soupçons, amalgames » qui ont déjà été « démentis ». Mais signe de la fébrilité qui s’empare de la majorité présidentielle, voire de la consistance des accusations qui ont été portées, Jean-Pierre Raffarin et Jean-François Copé ont souhaité pour leur part que le chef de l’Etat « parle aux Français » et « s’exprime très vite »…

« On est en train de frôler une crise de régime », a rapporté à l’AFP un dirigeant de l’UMP, sous le sceau de l’anonymat. A se demander si les plus heureux ne sont pas finalement les deux secrétaires d’Etat Christian Blanc et Alain Joyandet qui, démissionné dimanche pour tenter de désamorcer, en vain, l’affaire Woerth, retrouveront leur siège de député dans un délai d’un mois. Et ce, sans même se donner la peine de solliciter les suffrages des électeurs. Encore une minute Monsieur le bourreau…

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