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Un « nouveau monde »…

Le 6 mai dernier nous évoquions sur ce blog  la promulgation par la  républicaine Jan Brewer,  gouverneur  de l’Arizona, d’une loi  qui autorisait  notamment les forces de l’ordre  à contrôler le statut migratoire en cas de « doute raisonnable ». Selon un récent  sondage, cette initiative a reçu l’approbation de  62 % des Américains.  Cependant, les puissantes associations latinos et autres officines  du  lobby de l’immigration avaient  immédiatement dénoncé une « légalisation du délit de faciès ». L’administration américaine a  contesté hier  devant la justice la loi en question  qui doit entrer en vigueur le 29 juillet, afin de dissuader d’autres Etats américains qui voudraient  eux aussi  légiférer pour se protéger  contre l’immigration sauvage.  « Même si les Etats peuvent exercer leur pouvoir politique de manière à ce qu’ils aient une influence directe ou indirecte sur les étrangers, un Etat ne peut pas établir de son propre fait une politique de l’immigration »  affirme la plainte.

 John McCain et Jon Kyl, les deux sénateurs de l’Arizona ont réagi mardi  dans un communiqué à l’action en justice du gouvernement fédéral: « le peuple américain doit se demander si l’administration Obama est vraiment décidée à sécuriser la frontière lorsqu’elle poursuit un Etat qui cherche simplement à protéger ses habitants en faisant respecter une loi sur l’immigration ».

L’Arizona  compte selon des estimations sérieuses, 460 000 immigrés clandestins pour 6,5 millions d’habitants –dont deux millions d’hispaniques- , alors   qu’environ six des douze millions de mexicains  présents sur le sol  américain seraient en situation irrégulière.    Barack Obama était lui aussi monté au créneau pour fustiger  cette initiative républicaine. L’actuel président américain notions nous alors, ne perd pas de vue  pas que les « minorités », et notamment les citoyens américains d’origine latinos, ont fortement contribué à son élection…Au tournant de ce siècle, les blancs seront minoritaires aux Etats-Unis, même s’ils formeront encore  le groupe ethnique le plus important aux côtés des afro-américains, des  latinos et des asiatiques.   L’émergence (définitive ?) de l’ « Amérique-monde »  prophétisée et fantasmée par Jacques Attali

Cette affaire, n’est pas sans résonnance avec la situation que nous vivons en France et plus largement en Europe, où les « élites » mondialisées s’acharnent à construire une société « babélisée », à  priver nos peuples de tout droit  de regard sur la politique d’immigration de peuplement qu’ils subissent…

Le site Polemia a publié ces jours derniers  une chronique du Professeur Alain Besançon, membre de l’Institut, parue dans  La revue Commentaire ( n°128, hiver 2009-2010), portant sur le livre de Christopher Caldwell, « Reflections on the Revolution in Europe: Immigration, Islam and the West » (2009). Il « décrit la progression de l’immigration musulmane en Europe et s’interroge sur la question de savoir si les Européens peuvent conserver la même Europe avec des gens différents ». L’exemple des Etats-Unis et de ses récents bouleversements démographiques apportent il est vrai, déjà un élément de réponse…

Dans sa recension de cet ouvrage, Monsieur Besançon  reprend les interrogations de l’intellectuel américain : « L’Europe avait-elle besoin d’autant d’immigrants ? Au lendemain de la guerre, il le semblait, et nul ne songeait à élever des barrières institutionnelles (…).  L’argument capitaliste est que cette main d’œuvre a sauvé beaucoup d’industries. En fait c’était des industries condamnées. L’immigration a retardé les gains de productivité, et au prix de coûts latéraux dont le calcul n’a jamais été fait».

« L’argument socialiste est que le rajeunissement général provoqué par l’immigration, avec son taux élevé de natalité, a permis de sauver le Welfare State (« l’Etat providence »). Mais il est devenu évident qu’elle ponctionne ce Welfare State plus qu’elle ne lui apporte ».

« Il est donc facile de réfuter ces deux arguments » est-il noté,  « mais si on ne le fait pas, si on n’ose pas le faire, c’est à cause du second problème : la difficulté que rencontre l’Europe avec l’islam. En effet l’Europe a cru importer de la main-d’oeuvre, pour prendre un terme abstrait et général, une population passive, un simple facteur de production. Elle s’est aperçue qu’elle importait des êtres humains, doués d’une volonté propre ».

 Plus loin dans son article, Alain Besançon, rapporte également que « l’idéologie de tolérance » qui règne au sommet de l’Europe « descendit dans les masses et se durcit en tolérance intolérante ».  Avec comme résultat l’imposition de tabous -la réflexion sur les « bienfaits » de l’immigration en est un-, la mise en œuvre  des « lois mémorielles (qui)  criminalisent non plus des faits, mais des opinions et des croyances. L’Allemagne, la Suisse les adoptèrent après la France. Une peur vague de penser ce que l’on pense se répandit ».

 « Avec justesse, Caldwell conclut que l’immigration musulmane de masse procède d’une grappe (cluster) de courants sociaux nombreux et indépendants : la libre économie, l’augmentation de la richesse, les femmes au travail, les inégalités de revenus, le bas taux de fécondité... Ajoutons la crise du christianisme et d’autres courants idéologiques et spirituels. C’est un problème compliqué, immense, auquel on ne voit pas de solution ».

Alors « quel avenir »  s’offre aux Européens ? «  Caldwell voit deux modèles possibles. Le premier est celui de la société multi-ethnique, type États-Unis. Il le juge peu plausible. L’autre est celui de l’Empire ottoman avec son système du millet, c’est à dire la formation d’une mosaïque de communautés plus ou moins autonomes, sous le contrôle d’un Etat impérial. Ce dernier modèle est plus vraisemblable. Mais, si l’Empire ottoman a vécu sous le régime du millet, à la longue il en est mort, quand les forces centrifuges ont échappé à son contrôle ». Un débat essentiel, qui dépasse de loin le jeu de dupes autour de la loi sur la burqa…

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