Bref, se pose pleinement la question de la confiance que l’on peut avoir en un parti sarkozyste tiraillé entre une base exaspérée et accablée par le déclin français, la marche forcée vers une société tribalisée, multiculturelle, et multiconflictuelle , et la ligne idéologique mondialiste plus ou moins dissimulée suivie par les vrais dirigeants de l’UMP. Les journalistes Eric Branca et Arnaud Folch au détour d’un livre consacré au président du MPF, « Le mystère Villiers », rapportait en 1999 cette confidence de M. Sarkozy au créateur du Puy-du-Fou : « Tu as de la chance, toi tu aimes la France, son histoire, ses paysages. Moi, tout cela me laisse froid. Je ne m’intéresse qu’à l’avenir…».
L’avenir immédiat c’est 2012 et les conseillers du Président de la République ont pu à loisir méditer sur la note de l’Ifop concocté notamment par son directeur adjoint, Jérôme Fourquet, au lendemain des régionales de mars dernier et traitant de « la remontée du Front National ».
Cette analyse, une parmi d’autres, explique parfaitement les raisons du discours sarkozyste actuel, la montée en puissance de la thématique « insécurité-immigration » mise en place par l’équipe du chef de l’Etat, mais activée plus tôt que prévu du fait notamment des très médiatisées émeutes de Grenoble.
M. Fourquet notait alors que ce retour en force du FN le 21 mars s’expliquait par « la déception d’une partie de l’électorat siphonné en 2007 par Nicolas Sarkozy. De toute évidence on observe (…) le retour au bercail (FN) d’électeurs séduits par le discours du candidat Sarkozy lors de la campagne présidentielle. Avoir assumé d’être le leader d’une droite décomplexée, avoir proclamé sa détermination sur les thématiques sécuritaires et migratoires, avoir prôné la valeur travail et dénoncé l’assistanat ont été des stratégies payantes en 2007 mais ont aussi créé des attentes fortes aujourd’hui manifestement déçue chez une partie de l’électorat de la présidentielle ».
Aussi concluait M Fourquet, « pour 2012, la reconquête de l’électorat frontiste par Nicolas Sarkozy sera difficile. On peut en effet penser qu’il parviendra difficilement à réutiliser au sein de l’électorat populaire les leviers de 2007 : le débat sur l’identité nationale et la réactivation de la thématique sécuritaire entre les deux tours des régionales prouvent que cette stratégie n’est plus payante ».
«Miser ainsi sur un retour aux fondamentaux tel qu’on semble l’envisager actuellement à l’Elysée pourrait s’avérer peu productif, même si une part non négligeable ders électeurs de droite sont toujours prêts à troquer la radicalité du discours contre un début de mise en application concrète de mesures, notamment sur la sécurité et l’immigration. Plus que sur le discours, c’est désormais sur les résultats que Nicolas Sarkozy sera jugé lors de la prochaine élection présidentielle ». Nous en acceptons l’augure.