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Chrétiens d’orient : entre le marteau et l’enclume

Réagissant la semaine dernière  à la  condamnation à mort de  l’ex vice-Premier ministre irakien, le chrétien Tarik Aziz, nous rappelions à quel point la croisade déclenchée par les Etats-Unis contre un des rares Etat laïc de la région avait eu pour effet de mettre  à bas le fragile équilibre confessionnel de ce pays. Par réaction en chaîne c’est  toute la région qui est déstabilisée, transformée  en une vaste poudrière. Premières victimes de cette montée en puissance d’un  terrorisme islamiste qui se nourrit du sentiment d’injustice créé par l’ ’ingérence américaine, les chrétiens d’Orient sont menacés plus que  jamais. Protégés à l’époque du régime Saddam Hussein, ceux qui le peuvent fuient aujourd’hui l’Irak en masse, victimes des sanglantes  persécutions des fous d’Allah.

 Dimanche soir, en plein cœur de Bagdad, l’attaque de  l’église syriaque catholique Notre-Dame du Perpétuel Secours  s’est soldée par la mort de 53 personnes.  Un groupe de la mouvance d’Al-Qaïda, l’Etat islamique d’Irak (ISI), a revendiqué cette action

Dans le quotidien Sud-Ouest, Bruno Dive note fort justement que « la guerre du très chrétien George W. Bush aura eu, entre autres, pour effet de  livrer (les chrétiens)  à la sanglante revanche de quelques sunnites plus ou moins manipulés par al Quaïda, mais aussi à la violence d’Etat. Comment ne pas faire le rapprochement avec la condamnation à mort, il y a quelques jours, de Tarek Aziz (…) ?. La condamnation de ce chrétien arrive étrangement tard, mais elle ne rencontre que le silence assourdissant de tous ces diplomates occidentaux (ou arabes) que Tarek Aziz a si longtemps fréquentés ».

Les réactions ont été nombreuses a contrario pour s’indigner de l’attaque contre cette église de Bagdad, qui a été condamnée  aussi bien en Europe par les responsables politiques que par  les représentants des communautés musulmanes. Eric Besson a même proposé d’accueillir 150 chrétiens irakiens…

 Dans un communiqué, le pape a rappelé que « le  Synode des évêques qui vient juste de se clore à Rome (le 24 octobre, NDLR) a largement mis en lumière les souffrances des chrétiens d’Orient : pourtant profondément enracinés sur ces terres par la longue histoire de leurs Églises, ils se trouvent contraints, de plus en plus, à l’exil ». 

Une situation  dénoncée de longue date par Bruno Gollnisch   qui n’a pas attendu qu’une exaction plus sanglante que les autres viennent frapper cette communauté pour s’alarmer de l’inertie de nos grandes consciences devant les atteintes à son droit même à l’existence.

 Plus largement, la réalité commande de rappeler qu’à des degrés divers,  les chrétiens sont soumis à une dhimitude plus ou moins sévère, voire à de franches persécutions   dans  les pays musulmans.

Dans le document de travail préparant le  synode qui vient de s’achever et que nous évoquions alors sur ce blog, Benoit XVI  rappelait   que  « La montée de l’islam politique à partir des années 70 (a affecté) la région et la situation des chrétiens dans le monde arabe ».

« Les relations entre chrétiens et musulmans sont parfois ou souvent difficiles, surtout du fait que les musulmans ne distinguent pas religion et politique, ce qui met les chrétiens  en situation délicate de non-citoyens alors  qu’ils sont les citoyens de ces pays bien avant l’arrivée de l’islam. Dans  certains pays, l’Etat est islamique et la charia est appliquée non seulement dans la vie privée, mais aussi dans la vie sociale, pour les non-musulmans également, ce qui entraîne la méconnaissance des droits humains ».

 Ce texte réaffirmait  pareillement, au-delà de la situation irakienne,  que la disparition des communautés chrétiennes d’Orient  « constituerait une perte pour ce pluralisme qui a caractérisé depuis toujours les pays du Moyen-Orient »,  soulignant « les grandes épreuves » endurées par les chrétiens dans les Territoires palestiniens, en Irak et en Egypte.

Il  faisait  aussi référence aux manœuvres de déstabilisation dont se rendent coupables dans la région  certains mouvements évangéliques protestants nés (et largement financés…) aux Etats-Unis, «  groupes fondamentalistes chrétiens (qui) justifient par l’Ecriture sainte l’injustice politique imposée aux Palestiniens, ce qui rend la position des chrétiens arabes encore plus délicate »…

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