Dimanche soir, en plein cœur de Bagdad, l’attaque de l’église syriaque catholique Notre-Dame du Perpétuel Secours s’est soldée par la mort de 53 personnes. Un groupe de la mouvance d’Al-Qaïda, l’Etat islamique d’Irak (ISI), a revendiqué cette action
Dans le quotidien Sud-Ouest, Bruno Dive note fort justement que « la guerre du très chrétien George W. Bush aura eu, entre autres, pour effet de livrer (les chrétiens) à la sanglante revanche de quelques sunnites plus ou moins manipulés par al Quaïda, mais aussi à la violence d’Etat. Comment ne pas faire le rapprochement avec la condamnation à mort, il y a quelques jours, de Tarek Aziz (…) ?. La condamnation de ce chrétien arrive étrangement tard, mais elle ne rencontre que le silence assourdissant de tous ces diplomates occidentaux (ou arabes) que Tarek Aziz a si longtemps fréquentés ».
Les réactions ont été nombreuses a contrario pour s’indigner de l’attaque contre cette église de Bagdad, qui a été condamnée aussi bien en Europe par les responsables politiques que par les représentants des communautés musulmanes. Eric Besson a même proposé d’accueillir 150 chrétiens irakiens…
Dans un communiqué, le pape a rappelé que « le Synode des évêques qui vient juste de se clore à Rome (le 24 octobre, NDLR) a largement mis en lumière les souffrances des chrétiens d’Orient : pourtant profondément enracinés sur ces terres par la longue histoire de leurs Églises, ils se trouvent contraints, de plus en plus, à l’exil ».
Une situation dénoncée de longue date par Bruno Gollnisch qui n’a pas attendu qu’une exaction plus sanglante que les autres viennent frapper cette communauté pour s’alarmer de l’inertie de nos grandes consciences devant les atteintes à son droit même à l’existence.
Plus largement, la réalité commande de rappeler qu’à des degrés divers, les chrétiens sont soumis à une dhimitude plus ou moins sévère, voire à de franches persécutions dans les pays musulmans.
Dans le document de travail préparant le synode qui vient de s’achever et que nous évoquions alors sur ce blog, Benoit XVI rappelait que « La montée de l’islam politique à partir des années 70 (a affecté) la région et la situation des chrétiens dans le monde arabe ».
« Les relations entre chrétiens et musulmans sont parfois ou souvent difficiles, surtout du fait que les musulmans ne distinguent pas religion et politique, ce qui met les chrétiens en situation délicate de non-citoyens alors qu’ils sont les citoyens de ces pays bien avant l’arrivée de l’islam. Dans certains pays, l’Etat est islamique et la charia est appliquée non seulement dans la vie privée, mais aussi dans la vie sociale, pour les non-musulmans également, ce qui entraîne la méconnaissance des droits humains ».
Ce texte réaffirmait pareillement, au-delà de la situation irakienne, que la disparition des communautés chrétiennes d’Orient « constituerait une perte pour ce pluralisme qui a caractérisé depuis toujours les pays du Moyen-Orient », soulignant « les grandes épreuves » endurées par les chrétiens dans les Territoires palestiniens, en Irak et en Egypte.
Il faisait aussi référence aux manœuvres de déstabilisation dont se rendent coupables dans la région certains mouvements évangéliques protestants nés (et largement financés…) aux Etats-Unis, « groupes fondamentalistes chrétiens (qui) justifient par l’Ecriture sainte l’injustice politique imposée aux Palestiniens, ce qui rend la position des chrétiens arabes encore plus délicate »…