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Sommet franco-britannique: rien de nouveau…

Le candidat à la succession de Jean-Marie Le Pen   rappelait dans l’entretien qu’il a accordé récemment à Monde et Vie, son souhait que  la France retrouve un « leadership  auprès des pays latins, du Proche et Moyen Orient,  d’Afrique et d’Amérique latine ».  Position  que nous avons perdu « à cause de notre alignement inconditionnel sur la politique de Washington » soulignait encore  Bruno Gollnisch.  L’accord de coopération militaire franco-britannique  conclu hier entre David Cameron et Nicolas Sarkozy à Londres s’inscrit dans cette logique  d’effacement de la France .  Il matérialise une politique de renoncement de notre nation, et plus largement d’ailleurs des autres pays européens, à se doter de moyens propres  leur permettant d’assurer leur indépendance et leur sécurité en se dégageant de la tutelle de l’Otan et  des intérêts américains.

Les accords signés hier portent  sur des rapprochements industriels en matière de sous-marins, de drones ou de missiles, le partage par  les deux pays de  leurs deux porte-avions à partir de 2020, la création d’une «  force expéditionnaire commune interarmées », la  coopération dans le domaine de la simulation ( armes nucléaires).

Certes, les annonces d’hier s’inscrivent dans la continuité du  sommet de Saint-Malo (1998).  Evoquant l’entretien accordé par le ministre de la Défense Hervé Morin au quotidien La Tribune quelques jours avant la rencontre Sarkozy-Cameron,    le blog Secret defense expliquait que ce sommet du 2 novembre, offrait « le risque  de nous présenter comme une nouvelle avancée de la défense européenne et de la coopération bilatérale une  nouveauté  qui se pratique depuis plus de dix ans ». Bref « une politique d’affichage : annoncer du neuf, concocté avec du vieux et du virtuel ».

Les observateurs ne s’y sont pas trompés, ce rapprochement  est avant tout un terrible aveu de faiblesse de la part des deux seules puissances nucléaires en  Europe. Un des arguments avancés en faveur de cette coopération, les difficultés budgétaires entraînant la nécessité de faire des économies d’échelle,  serait recevable pour peu que nos deux nations aient des intérêts géopolitiques communs.

Porte-avion de l’Oncle Sam arrimé au large  l’Europe, le Royaume-Uni reste largement inféodé aux vues américaines.  Ce que dénoncent d’ailleurs avec force, au nom d’une logique d’indépendance nationale,  nos amis du British national Party (BNP), opposés notamment à la présence des soldats britanniques en Irak et en Afghanistan. 

Cette mise en  commun des moyens a certes sa logique… avec le retour plein et entier  de la France dans le giron de l’OTAN, souhaité par Sarkozy, au nom du tropisme mondialiste qui est le sien. Il a été ainsi précisé sans surprise  que la « force expéditionnaire » franco-britannique  pourra être déployée  pour des opérations au profit de l’Otan et  de l’ONU ou de l’Union européenne…

Directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris),  Fabio Liberti a souligné que ce sommet met fin à l’illusion d’une Europe de la Défense…qui ne pouvait voir le jour puisque l’Europe de Bruxelles est celle du refus de la puissance et de son affirmation en tant que civilisation qui entendrait assurer la défense de ses intérêts propres et  jouer encore un rôle moteur  dans le concert des nations. Mais ce projet là n’a jamais été dans les cartons des européistes bruxellois…

« Alors que Saint-Malo donnait le coup d’envoi d’une politique de défense commune, a déclaré M. Liberti,  les accords qui viennent d’être signés ne font pas référence à l’Europe. Ils pourraient même annoncer la mort de l’Europe de la défense ». « La politique française reposait sur trois piliers : la recherche de l’autonomie stratégique, la singularité à l’intérieur de l’Otan, la volonté de lancer l’Europe de la défense. Ils ont tous été balayés par Nicolas Sarkozy en trois ans ».

 «C’est un signe poursuit-il,  du déclin des armées respectives. Etats-Unis aujourd’hui, il est absolument évident que les armées européennes sont incapables de mener un conflit majeur. Si on regarde le conflit de l’Afghanistan, la France  et le Royaume-Uni, tout en envoyant des milliers de soldats sur place, n’ont pas vraiment de mot à dire sur la stratégie américaine du conflit, et jouent de moins en moins un rôle militaire de premier ordre ».

Autant dire que le titre en Une du  Daily Express » hier,  « L’armée britannique aux ordres de la France » est faux. Ce sont bien les armées britanniques et françaises qui sont plus que jamais et conjointement,  aux ordres des Etats-Unis  

Dans un monde de plus en plus incertain et dangereux,  dans lequel notre continent est confronté à de lourdes menaces pesant sur ses libertés, son identité et sa prospérité, notre pays peut il faire l’impasse sur l’effort de Défense et s’en remettre de facto à une Amérique qui se détache  chaque jour un peu plus de la vieille Europe ? Le FN est persuadé du contraire.

C’est pourquoi il prône dans son programme une augmentation conséquente  du  budget de la Défense nationale, pour le porter à  2,6 % du PIB. Ce  qui était son niveau quand Jacques Chirac a été élu en 1995.  Faire des économies aux dépens de la sécurité de la France est une faute morale impardonnable.

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