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Hu Jintao à Paris : toutes les vérités sont elles bonnes à dire ?

On se souvient de Ségolène Royal félicitant la Chine pour « la rapidité de sa justice » lors de campagne présidentielle de 2007, et qui, quelques mois plus tard, lors des Jeux olympiques de 2008, exigeait à l’instar d’une association comme Reporters Sans Frontières (RSF), le boycott de ces derniers, tandis que le pathétique Daniel Cohn-Bendit appelait les occidentaux qui se rendraient aux JO à « foutre le bordel à Pékin ». On se souvient aussi du cheminement de notre actuel président de la République. L’un des axes de campagne du candidat Sarkozy en 2007, qui lui avait valu de s’attirer les louanges de Bernard-Henry Lévy ou d’un André Glucksman, était de rompre avec la Realpolitik. Il affirmait alors que la France serait « aux côtés de tous ceux qui sont persécutés par les tyrannies et par les dictatures ». Une promesse vite oubliée. Au moment des JO de Pékin, Alain Juppé avait critiqué « les responsables occidentaux » qui demandaient à la Chine de « tuer avec retenue » au Tibet. « Je suis ébranlé quand je vois l’allant que certains mettent aujourd’hui à pratiquer cette realpolitik qu’ils fustigeaient tant hier. Il y a des grâces d’état. Des disgrâces aussi ». Avant de noter : « Sans doute est-il facile de prononcer les paroles justes quand on n’a pas la charge des intérêts d’un peuple. Mais la Chine est si riche! ».

L’exercice du pouvoir a en effet très sensiblement amendé la posture sarkozyste, vis-à-vis par exemple de nos traditionnels alliés africains et leurs ressources minières et pétrolière, comme vis-à-vis du géant chinois…

Accueil à l’aéroport par le président de la république en personne, garde républicaine à cheval… : la France met les petits plats dans les grands pour accueillir le chef de l’Etat chinois Hu Jintao ce jeudi à son arrivée à Orly pour une visite officielle de trois jours. Oubliées les critiques sur les manquements aux droits de l’homme, les tensions générées il ya deux ans par la répression des opposants tibétains. La perspective de gros et juteux contrats dont devraient bénéficier les entreprises françaises (Airbus, Areva, Total…), on parle de 20 milliards d’euros, a mis sous le boisseau les sujets « délicats » notamment également celui de la sous-évaluation du yuan.

Tout acquis au mondialisme libre échangiste et refusant la mise en place de tout mécanisme de protectionnisme intelligent aux frontières de l’Europe, nul doute que M.  Sarkozy n’évoquera pas non plus avec son homologue chinois,  les conséquences du dumping social chinois, responsable de nombreuses disparitions d’entreprises françaises…

Comme le rappelle L’Express, « au deuxième trimestre 2010, le produit intérieur brut (PIB) chinois a dépassé celui du Japon » et devrait lui souffler « la place de deuxième puissance économique mondiale cette année ou la prochaine ». « La question que se posent désormais tous les économistes est de savoir quand la Chine détrônera les Etats-Unis et deviendra le maître du monde. Cette année, le PIB chinois devrait croître de 10%. De quoi faire pâlir la France et ses 1,6% de croissance. La Chine est également une grande puissance financière (Shanghai est la troisième capitalisation boursière mondiale derrière New York et Tokyo), qui se déploie à l’étranger: elle est le cinquième investisseur direct dans le monde, avec 52 milliards de dollars placés en 2009 ».

« Les relations commerciales entre la France et la Chine sont loin d’être équilibrées est-il encore expliqué: le déficit de la balance commerciale tricolore avec l’Empire du Milieu a atteint près de 22 milliards d’euros en 2009, près de 12 milliards au premier semestre 2010. La Chine représente le premier déficit bilatéral de la France, devant l’Allemagne. Seules 1400 entreprises françaises sont implantées en Chine, selon le Quai d’Orsay. Résultat : la part de marché de la France en Chine se situe aux alentours de 1,3% contre près de 5% pour l’Allemagne ».

Les « défenseurs des droits de l’homme » se sont émus une nouvelle fois de ce tapis rouge déroulé sous les pieds du dirigeant chinois. Est-il nécessaire en effet d’en rajouter dans les courbettes indignes et les veuleries de boutiquier ? Le député UMP Lionnel Luca, qui dénonce depuis longtemps la répression dont sont victimes les tibétains, précise non sans raison que d’autres pays comme l’Allemagne notamment, obtiennent des contrats avec la Chine sans pour autant s’aplatir comme le fait Nicolas Sarkozy.

Il est vrai que c’est une vieille habitude des dirigeants catalogués à « droite », Jacques Chirac –sans que son vieil ami Juppé ne s’en indigne alors- avait reçu en son temps à la mairie de Paris le conducator léniniste Ceaucescu, bourreau du peuple roumain et invité quelques années plus tard dans son château de Bity, le tyran rouge chinois Zieming, l’homme qui poursuivit lui aussi au Tibet les opérations de terreur menées depuis un demi-siècle, emprisonnant, torturant, déportant les opposants.

L’Etat Français avait été le seul pays d’Europe à refuser fin août 2003 à une sélection de joueurs de football tibétains exilés en Inde, les visas nécessaires pour venir disputer un match à Marseille. Et ce afin de ne pas heurter les autorités de la Chine rouge.

Ne pas heurter Pékin est aussi plus largement la priorité essentielle des grands groupes et entreprises. Exemple parmi d’autres, en juillet 2002, le journaliste et fondateur de RSF, Robert Ménard, avait écrit au PDG de Yahoo !, Terry Semel, pour dénoncer l’attitude du célèbre fournisseur d’accès américain qui avait signé « l’engagement public sur l’autodiscipline » exigé par Pékin. « Engagement » permettant de réduire au silence les opposants au régime communiste, avec la complicité d’un des symboles du capitalisme américain, s’indignait RSF, même si l’indépendance de cette association fut contestée par certains du fait de son financement par des capitaux gouvernementaux américains, via la fondation National Endowment for Democracy (NED).

Lors des émeutes au Tibet de mars 2008, réprimées dans le sang par Pékin, le Front National s’était indigné de « la lâcheté des autorités françaises qui pour des raisons mercantiles, ferment les yeux sur ces violations des droits de l’homme. Le peuple tibétain qui n’est chinois ni par la langue ni par la culture ni par la spiritualité a droit au respect de son identité nationale millénaire et de sa liberté ». «Dans le cas du Tibet, hélas, il n’y a pas que l’occupation militaire ou la répression policière. Il y a aussi le recours à l’immigration comme instrument de la destruction de l’identité tibétaine » notait alors Bruno Gollnisch.

Une réalité qui embarrasse les défenseurs des droits de l’homme, à l’instar entre autres de la gauche européiste et plus précisément des amis de M. Cohn-Bendit. Ces derniers qui bataillent pour la reconnaissance des « minorités ethniques » et des « langues régionales » en Europe, pour mieux faire imploser les Etats nations sur notre continent, souffrent d’une « curieuse » hémiplégie en niant les effets de l’immigration de masse sur l’identité des peuples européens.

Bruno Gollnisch relevait pourtant dans l’enceinte du Parlement européen en mars 2008 « le point commun à des questions aussi diverses que celles du Kosovo et du Tibet : les conséquences de la politique d’immigration sur les peuples indigènes. L’immigration albanaise au Kosovo a préludé à l’élimination des Serbes de ce territoire, comme l’immigration chinoise de l’ethnie Han encouragée, organisée, aujourd’hui majoritaire, dépossède les Tibétains de leur territoire et de leurs libertés. Ces conséquences sont terribles mais ce qu’il y a de plus terrible encore c’est que, non contents de nous masquer cette réalité, nous laissons de tels processus s’enclencher en de multiples points de nos propres territoires ».

Le Front National défend en effet le droit de toutes les nations et de tous peuples, du Tibet à la Serbie, du Sénégal à l’Irak, mais à commencer par le nôtre, à transmettre la culture de leurs ancêtres aux générations suivantes, à sauvegarder leurs racines, leur identité, fondement de la liberté. En un mot à garder la maîtrise de leur destin…laquelle n’est pas conditionnée uniquement par des considérations d’ordre économique.

 

 

 

  

  

  

  

  

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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