Pour autant souligne l’article, « Les conditions d’un rassemblement semblent n’avoir jamais été aussi favorables : un peu partout en Europe, on assiste à une progression, si ce n’est des partis d’extrême droite, du moins des idées qu’ils défendent ». D’ores et déjà « plusieurs partis (FN français, Jobbik hongrois, BNP britannique, FPÖ autrichien, Ataka bulgare, Vlaams Belang belge…) se sont réunis sous la bannière de ce qui n’est pour le moment qu’une Coordination parlementaire des Droites européennes ».
« Un regroupement dont l’objectif, bien moins idéologique que pragmatique, est totalement assumé par Bruno Gollnisch cité ici : S’unir pour bénéficier des crédits accordés aux formations parlementaires européennes,. Car bien que nous soyons opposés à ces crédits que nous jugeons excessifs – nous avions voté contre –, une fois qu’ils existent, que les contribuables européens paient pour ces financements, il est préférable que leur argent serve à soutenir les mouvements qui les défendent! »
« Pour trouver une initiative moins comptable et plus ambitieuse affirme Sarah Halifa-Legrand, il faut se tourner vers l’ Alliance européenne des mouvements nationaux (AEMN). Lancée en octobre 2009 à Budapest par le Jobbik hongrois, le FN français et le BNP britannique (ensuite rejoints par d’autres partis comme le Sverige Demokraterma suédois, le Fiamma tricolore italien et le Front National belge), elle doit, dans un premier temps, permettre des échanges d’informations, une meilleure coordination des actions, une lutte commune contre la désinformation, la diabolisation dont tous les partis patriotiques sont victimes, explique Bruno Gollnisch, (qui espère) aussi accéder aux crédits européens via ce regroupement transnational. »
« Bruno Gollnisch le reconnaît, une internationale des nationalistes ce n’est pas quelque chose de simple, c’est même paradoxal. Mais c’est faisable parce qu’il y a une grande identité de vues, assure-t-il, en citant notamment les positions sur la Turquie et l’islam, mais aussi parce que notre nationalisme n’est agressif à l’égard d’aucun autre peuple, il se veut seulement la défense de l’identité nationale, et il est parfaitement compatible avec des valeurs universelles ».
« Difficile aussi de faire asseoir à la même table des partis qui n’ont foncièrement pas la même perception de l’Europe », ou de la nation ni de leurs intérêts géopolitiques, ni les mêmes doctrines économiques est-il justement souligné, sans même parler d’un FN qui fait peur à des mouvements politiques européens pourtant très « durs » sur la question de l’immigration et/ou de l’islam. Car ces derniers « ne veulent pas être associés, dans le cadre d’une organisation institutionnalisée et contraignante, à certains partis victimes de diabolisation. « Une prudence » que Bruno juge logiquement « excessive ».
« Cependant, la vraie raison de cette difficulté à s’unir, précise Bruno Gollnisch c’est la persécution de la minorité que nous sommes au Parlement européen. En schématisant, je dirais que les exigences minimales d’effectif pour constituer un parti sont relevées au fur et à mesure nous les atteignons, ajoute-t-il.
Alors, oui, certes, admet honnêtement le Nouvel Obs, « au Parlement européen, on ne voit pas d’un très bon œil la possible reconstitution d’un groupe parlementaire tel que l’ITS » (Identité Tradition souveraineté, groupe monté en son temps par Bruno et victime aussi hélas des tensions entre Italiens et Roumains, NDLR).
« C’est d’ailleurs en partie pour cette raison qu’une modification des règles a été approuvée en juillet 2008, faisant passer le seuil de 20 membres représentant au moins six pays européens à 25 élus représentant au moins sept Etats pour constituer un groupe politique. A cette aune on constate le grand sens diplomatique d’un Gollnisch et l’exploit qu’il a réalisé en réussissant à mettre sur pied l’AEMN !
Mais il y a certes des partis qui, pour proches qu’ils puissent sembler à première vue du FN, campent sur des positions très différentes. Le 28 octobre dernier, dans un entretien accordé au Nouvel Obs, Marine soulignait justement que « certains sont européistes, ce qui les différencie du FN. Le député néerlandais Geert Wilders, par exemple, ne développe pas une politique radicale contre l’Union européenne. »
La concurrente de Bruno précise cette fois avoir « pour ambition de prendre contact avec eux, avec leurs dirigeants. Si les adhérents du Front National me donnent leur confiance –les relations internationales figurent traditionnellement dans les attributions régaliennes du président du FN, NDLR- j’irai parler avec des partis avec lesquels nous n’avons pas, aujourd’hui, de relations : avec le parti de Geert Wilders, avec le parti suédois… Nous pourrions avoir ensemble une réflexion. Nous avons des points communs, notamment sur la défense de nos valeurs face à l’emprise politico-religieuse musulmane, face à l’islamisation. Mais on a aussi des divergences. Comme avec le Vlaams Belang qui veut la séparation de la Belgique, ou avec la Ligue du nord italienne qui est très régionaliste ».
Pour autant, le FN ne s’oppose pas au Parti de l’étranger européiste pour s’allier avec un Geert Wilders qui, au-delà de ses propos souvent de bon sens sur les conséquences de la trop lourde immigration musulmane aux Pays-Bas, est lui aussi le défenseur d’intérêts non européens. « Europe » comprise ici par nous non pas dans sa définition bruxelloise, mais au sens noble du terme, c’est-à-dire de communauté de civilisation. Nous renvoyons à ce sujet à l’excellent article publié par Bruno Larebière la semaine dernière dans Minute sur l’énième voyage de M. Wilders en Israël.
Les postions très dangereuses en matière d’alliance stratégique avec l’Etat hébreu défendues par Geert Wilders, qui revendique des liens très étroits avec le Mossad et défend par ailleurs la société cosmopolite pour peu qu’elle soit « non halal », sont en contradiction totale avec la vision géopolitique qui est la nôtre, de nature à brouiller le message porté par le FN au Moyen-Orient et notre position mesurée sur le conflit israélo-palestinien.
Si une alliance résolue entre défenseurs européens des identités nationales reste plus que jamais un objectif à poursuivre, elle peut se faire sur la base de compromis, souvent indispensables, mais certainement pas de compromissions avec nos « fondamentaux ».