L’heure du choix est arrivée pour les adhérents du Front, qui vont devoir désigner un successeur à Jean-Marie LE PEN. Pour que ce choix ne soit pas l’expression de préférences superficielles éloignées de ce qui fait la réelle valeur d’un président, il est nécessaire de procéder à l’examen attentif du parcours, de la stratégie et du projet de chacun des deux candidats par-delà les différences de style ou de caractère, d’autant plus difficiles à mesurer que Marine Le Pen et Bruno Gollnisch ont l’un et l’autre de très grandes qualités.
C’est après m’être livré à cet exercice minutieux que j’ai choisi de parrainer et de soutenir Bruno, certainement pas contre sa concurrente mais au contraire dans un souci d’unité et de rassemblement de notre famille politique, afin d’éviter les écueils de la dissension et de la dissidence qui nous ont tant nui par le passé. Cet impératif constant chez lui depuis qu’il s’est engagé au Front, lui donne une grande légitimité pour briguer la présidence de notre mouvement.
-D’abord parce que Bruno Gollnisch refuse de toutes ses forces la division. Il a tenu bon, avec Jean-Marie Le Pen, lors de la terrible scission de décembre 1998, malgré le départ d’un grand nombre de cadres et d’élus aveuglés par des promesses de respectabilité et de pouvoir qui les ont conduits au néant.
De cette difficulté, il a tiré un enseignement politique majeur : pour pouvoir un jour rassembler les Français, il faut d’abord rassembler les patriotes, sans chercher à opposer les uns aux autres, car la France aura besoin de tous pour se relever.
Sa stature et ses talents de diplomate s’avèreront précieux pour concilier les caractères et les sensibilités les plus diverses de notre mouvement, qu’il souhaite diriger d’une manière plus collégiale en cultivant une grande proximité à l’égard des militants. Le partage équitable et efficace des rôles qu’il propose d’ores et déjà à Marine Le Pen dans l’hypothèse de son élection illustre en tous cas la sincérité et la profondeur de sa démarche.
-Ensuite parce que Bruno Gollnisch a le sens des priorités. Ses 25 années passées au service du Front National lui ont appris à résister aux sirènes du politiquement correct qui pourraient nous incliner parfois à baisser la garde devant les difficultés et l’ingratitude de la vie de militant.
Pour lui, la dédiabolisation réside plus dans la clarté de nos propositions et la crédibilité de notre programme que dans toute forme de communication politique, même si celle-ci n’est évidemment pas à négliger.
Jean-Marie Le Pen l’a prouvé tout au long de sa vie : l’essentiel n’est pas de plaire à tous mais de dire la vérité, c’est la raison pour laquelle nous devons être fiers de défendre les valeurs traditionnelles, à l’heure où le gouvernement les méprise au point de priver la famille de ministère…
-Enfin, Bruno Gollnisch veut rapprocher le Front National des Français en décentralisant son action. Il n’est pas normal que notre mouvement soit trop souvent perçu comme un parti de protestation centré sur des thématiques urbaines et nationales.
Le FN n’est pas le parti d’une personne ou d’un groupe déterminé, il a vocation à gérer des villes ou des régions pour pouvoir un jour diriger le pays. C’est pour cela qu’il ne faut pas, comme nos adversaires, tout voir à travers le prisme de l’élection présidentielle.
Contrairement à ce que disent les journalistes, le Congrès du FN n’est pas une « primaire » comme au PS ou à l’UMP, mais l’occasion pour nous de dresser le bilan de 38 ans d’action politique, avec ses succès bien sûr mais aussi ses insuffisances et notamment une implantation locale (en particulier municipale) largement perfectible.
Lucide et réaliste, Bruno sait que l’influence politique du Front dépend davantage de son nombre d’élus et de militants que du score de son candidat à l’élection présidentielle ou de celui que veulent bien lui prêter les médias ou les instituts de sondage. L’expérience nous a montré que nous pouvions, dans certaines circonscriptions, obtenir près de 50 % des suffrages aux présidentielles sans pour autant y conquérir le moindre siège de député.
Que serait un Président frontiste sans majorité pour gouverner ? Le seul moyen de lutter contre ce piège, inhérent au système majoritaire de la Cinquième République et au quinquennat (qui, en organisant les législatives dans la foulée du second tour de la présidentielle a divisé par deux les voix que nous récoltions d’une élection sur l’autre en 2007 mais aussi en 2002) est de donner plus de moyens à l’échelon local en favorisant la constitution d’un large réseau d’élus municipaux sur l’ensemble du territoire, comme le propose Bruno.
Voilà brièvement énumérées ce que j’appellerai les conditions de la victoire, une victoire qui ne doit pas être celle d’un homme ou d’un clan, mais celle des idées pour lesquelles nous nous battons depuis tant d’années. Pour toutes ces raisons, la famille frontiste a besoin d’un rassembleur. Pour toutes ces raisons, elle a besoin de Bruno Gollnisch.