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La Chine en Europe : un «Plan Marshall » de colonisation ?

En France les caisses  de l’Etat sont dramatiquement vides, selon le constat  de Jean Arthuis, président de la commission des finances du Sénat, qui a fini par avouer  que le gouvernement Fillon  a fait approuver   un « décret d’avance financière » pour un montant d’autorisation d’engagement de 1, 386 milliard d’euros et de 1,14 milliard de crédit de paiement supplémentaires. Une somme  incluant 930 millions destinés à assurer  la paie des fonctionnaires. Du jamais vu… Forte pour  sa part des réserves de changes estimées à environ 2 650 milliards de dollars, la Chine, avec un appétit d’ogre,  fait « ses courses » en Europe. Après avoir conquis la Grèce et la Portugal, l’Espagne est dans le collimateur en attendant la suite… Malheur aux vaincus de la mondialisation ?

latribune.fr indiquait hier que débute ce mardi par l’Espagne,  la  visite officielle  d’une délégation chinoise avec à sa tête le vice Premier ministre chinois, Li Keqiang, qui se poursuivra en Grande-Bretagne et en Allemagne.

Déjà en en juin, « 14 contrats ont été signés entre la Chine et la Grèce, en particulier dans les infrastructures portuaires –avec le rachat hautement symbolique du port du Pirée, NDLR-, pour un montant de plusieurs milliards d’euros. Par ailleurs, Pékin aurait procédé à des achats de la dette publique du Portugal, qui veut éviter de devoir faire appel au plan de stabilité financière de la zone euro ».

« Car pour la Grèce, le Portugal ou l’Espagne, qui doivent faire face au poids d’une dette publique et des taux de plus en plus élevés pour se financer sur les marchés, cet afflux de capitaux est vital pour boucler leurs budgets nationaux » est-il expliqué.

Aussi la Chine est désormais également «  prête à explorer avec l’Espagne les modalités de coopération (…) positives et effectives. La Chine étant un pays investisseur responsable de long terme sur le marché financier européen, en particulier espagnol, nous avons confiance dans le marché financier d’Espagne, ce qui s’est traduit par de l’achat de sa dette publique, une action que nous poursuivrons à l’avenir, affirme Li Keqiang. La Chine détient déjà quelque 10% de cette dette »…

Une aide miracle, une divine surprise susceptible de sortir la zone euro de la crise ? Ulrich Leuchtmann chez Commerzbank questionné par Les Echos fin décembre balayait cet espoir : « si l’aide du régime chinois peut être utile à échéance rapprochée, elle ne peut pas se substituer à une solution de long terme de la crise de la dette. Les pays européens périphériques ne peuvent pas compter éternellement sur l’aide d’un seul investisseur souverain mais doivent convaincre le marché des capitaux de la viabilité de leur position fiscale et du mécanisme de leurs plans de sauvetage ».

 «  Lors de sa visite officielle à Athènes du mois d’octobre, précise le quotidien,  le Premier ministre chinois, Wen Jiabao, avait réaffirmé le soutien à un  euro stable  et promis que les achats chinois d’obligations d’Etat européennes ne fléchiraient pas. Depuis, l’Irlande a accéléré sa course vers l’abîme… »

 Nul accès de philanthropie chez les Chinois, on s’en doute,  mais comme le souligne justement  Le bulletin d’André Noëlla volonté de maintenir la solvabilité d’une UE qui est  « son  premier client » et au sein de laquelle  la Chine exporte « plus de 20% de sa production » au moment ou « la demande  faiblit chez son second client, les Etats-Unis ».

 « Des exportations chinoises  qui « ont crû de plus de 46% en un an. Et cela au détriment de la population chinoise puisque la consommation des ménages par rapport au PIB  a rétrogradé de 45% à 35% en dix ans. Les Chinois doivent donc se serrer la ceinture pour vendre toujours plus à l’extérieur »….

 Une situation européenne qui explique bien évidemment les propos du ministre du commerce chinois, Chen Deming, : « Nous nous inquiétons beaucoup de savoir si la crise européenne de la dette peut être contrôlée. Nous voulons savoir si l’Union européenne est capable de maîtriser les dettes souveraines et si le consensus peut être traduit en véritable action pour permettre à l’Europe de sortir de la crise ».  

 « L’aide  apportée à l’Europe peut s’apparenter à celle du plan Marshall après la guerre ou à celle de pays colonisateurs qui, après la décolonisation, donnaient de l’argent aux pays indépendants pour qu’ils continuent à s’approvisionner chez eux. Maintenant ces pays, en Afrique, achètent chez les Chinois qui s’y sont installés. L’Europe risque de subir le même sort. Qui paie commande… »

 L’appétit de Pékin vise tout aussi logiquement   à s’emparer d’entreprises en France.  « La firme chinoise TCL a racheté des activités de Thomson et d’Alcatel. Rhodia Silicons l’a été par la chinoise Blue Star, et Moteurs Baudouin par Wei Chai. Fosun vient de prendre 7% du Club Méditerranée. Deux Château(x)  classés en Gironde sont désormais la propriété de Chinois, Latour Laguens et Chenu Lafitte (…).

 Cette gigantesque OPA sur les entreprises, notamment celles à haute valeur technologique, a tour de même fini par faire réagir… le Commissaire européen à l’Industrie, Antonio Tajani.  Dans un entretien au  quotidien allemand  Handelsblatt  le 27 décembre il notait : «Les entreprises chinoises qui en ont les moyens achètent de plus en plus d’entreprises européennes disposant de technologies clefs dans des secteurs importants.  Il s’agit d’investissements, mais, derrière, il y a aussi une stratégie politique, à laquelle l’Europe doit répondre politiquement. »

 Même si aucune proposition législative n’a été formulée en ce sens, M. Tajani milite pour la création d’ « une autorité chargée d’examiner les investissements étrangers en Europe », sur le modèle de ce qui fait outre-Atlantique  avec le   Comité chargé des investissements étrangers aux Etats-Unis (CFIUS).

 On mesure ici également le bien fondé des critiques du FN sur une Europe singulièrement désarmée, au nom même de ses fondamentaux anti-protectionnistes et de sa philosophie mondialiste, pour faire face à l’agressivité économique de ses concurrents. UE  qui joue systématiquement avec une main liée dans le dos et  plusieurs coups de retard, fragilisant par la même l’ensemble de l’économie française et des nations européennes…

 Ce qui rend plus que jamais d’actualité cette réflexion de Bruno Gollnisch que nous rapportions sur ce blog le 28 décembre :« les nationaux ont raison de vouloir empêcher le train fou qu’est aujourd’hui devenue l’Union européenne d’aller dans le précipice. Et plus raison encore, si elle y va, de vouloir sauter du train en marche. »

 

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