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Démographie « française » et immigration

Dans l’entreprise de sidération des esprits à laquelle se livre la médiacratie au pouvoir, l’annonce rituelle et annuelle des « bons chiffres de la démographie française » fait figure d’exercice incontournable. Rebelote donc  cette année avec les commentaires enthousiastes sur « l’exception française » dans  ce domaine, le passage de la population française au dessus de la barre symbolique des 65 millions (358 000 personnes de plus qu’en 2009). Et ce,   malgré « la crise économique, les 200 000 IVG pratiquées chaque année,   l’absence d’une réelle politique nataliste et de soutien aux familles françaises…un vrai miracle ?

 Le quotidien La Croix, à l’instar de ses confrères, note qu’une « bonne fée (sic) semble s’être penchée sur (les)  berceaux (de notre pays) ». « Alors que le  Vieux Continent  est touché par le recul des naissances (1,6 enfant par femme en moyenne), la France affiche une fécondité exceptionnelle : 2,01 enfants par femme, un record depuis la fin du  baby-boom, au milieu des années 1970. En 2010, 828 000 bébés sont nés sur le territoire, dont 797 000 en métropole. La France se rapproche ainsi de l’Irlande, l’autre championne de la natalité, qui atteignait une moyenne de 2,07 enfants par femme en 2009. »

 « Le pays a gagné 10 millions d’habitants en trente ans » que l’on doit certes à l’allongement de la durée de la vie, mais aussi et surtout au solde positif des naissances rapporte l’Insee. Lequel  pointe également  l’augmentation très sensible de «  l’âge moyen à l’accouchement en France (qui) a ainsi atteint pour la première fois 30 ans en 2010 », celle de «  la part des naissances hors mariage : 54,8 % en 2010 contre 53,7 % en 2009 et 43,6 % il y a dix ans ».  Quant au  «  nombre de pactes civils de solidarité (pacs), il  se rapproche de celui des mariages. L’an dernier, 195 000 pacs ont été signés, tandis que 249 000 mariages ont été célébrés (contre 251 478 il y a deux ans) ».

 C’est à croire que tous les faiseurs d’opinion se sont donnés le mot, chacun a pu remarquer que pas une seule fois le mot « immigration » n’a été prononcé dans le décryptage journalistique des chiffres de l’INSEE, Le Figaro illustrant significativement   en « une » cette étude  par six  photos de  bébés blancs comme neige…

 A rebours du discours dominant, ce maintien de la démographie française dans les hautes eaux de l’Union européenne s’explique principalement par une colonisation de peuplement non européenne.  Les tendances dégagées par l’étude  du  démographe Philippe Bourcier de Carbon publiée en  2004 restent vraies. Il expliquait ainsi à titre d’exemple,     que si   la population née étrangère de nationalité africaine ou turque  était estimée à   3,7 millions il y a sept ans, soit 6 % de la population,  celle-ci   fournirait de l’ordre de 96 000 naissances en métropole, soit 13 % des naissances métropolitaines totales.

A la même date,  la population née d’au moins un parent étranger de nationalité africaine ou turque,  était selon ses calculs  de plus de 4 millions, soit 7 % de la population et  près de 14 % des naissances ;   la population des ménages immigrés originaires d’Afrique et de Turquie  de 5 millions environ, soit 9 % de la population, près de 16 % des naissances .Aussi,  cette population  pourrait approcher, en 2030, 9,6 millions, soit 15 % de la population métropolitaine totale et donner le jour à 200 000 enfants, soit 30 % des naissances métropolitaines. A cela deux causes principales expliquait M.  Bourcier de Carbon : l’accélération des flux migratoires  et  le maintien  d’un taux de fécondité élevé pour les femmes étrangères musulmanes arrivées en France.

En décembre dernier, nous rapportions sur notre blog  les propos de la démographe Michèle Tribalat, directrice de recherche à l’Institut national des études démographiques (Ined) au sujet des flux migratoires qui relevait « entre 1982 et 2006 » une augmentation, de 25% de ceux-ci, «  presque entièrement sur la dernière période ». «  L’indicateur de fécondité (des immigrés), qui est passé de 1,66 en 1993 à 2,0 aujourd’hui, d’après les chiffres publiés par l’Insee, s’est accru de 20 % »…

Et Mme Tribalat d’ajouter que  « la vérité » consiste à dire «  que l’on a renoué, depuis le milieu des années 1990, avec un régime migratoire qui, en termes quantitatifs, a plus à voir avec le pic 1968-75 qu’avec les années précédentes. Entre 1999 et 2005, le nombre d’immigrés d’Algérie au augmenté de 105 000 personnes, soit un accroissement de 18 %.

Immigration  qui ne saurait être de toute façon la  recette miracle du redressement démographique indiquait  Bruno Gollnisch lors de son  intervention à l’occasion du dernier  colloque de Conseil scientifique du FN sur « les retraites ».  

Il s’appuyait notamment  sur les analyses   du dernier ouvrage de Mme Tribalat, laquelle démontrait  que l’immigration ne peut gommer les déséquilibres de la pyramide des âges…à moins que ladite immigration soit torrentielle et perpétuelle. Mais peut-on alors encore parler dans ces conditions de « démographie Française » …et de « France » tout court ?

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