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Cote d’Ivoire : le retour de l’Afrique réelle ?

Le site du Nouvel Obs relaye aujourd’hui l’information selon laquelle « Les deux prétendants à la présidence ivoirienne, Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo, se sont disputés (hier) le contrôle de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). Alassane Ouattara, reconnu par les Nations unies comme vainqueur de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, a annoncé la fermeture des agences ivoiriennes de la BCEAO afin, a-t-il dit, d’empêcher Laurent Gbagbo, qui les avait réquisitionnées la veille, d’en retirer des fonds. Mais les forces fidèles au président sortant, fortement armées, ont stationné toute la journée devant ces succursales. »

Lors de sa conférence de presse tenue lundi, consacrée aux questions internationales et à la présidence française du G 8 et du G 20, Nicolas Sarkozy a réaffirmé son  soutien  à M. Ouattara démocratiquement élu, face au président sortant Laurent Gbagbo qui ne veut pas quitter le pouvoir. « Pour la France les choses sont claires: la Côte d’Ivoire a un seul gouvernement légal et légitime, un seul », a-t-il  déclaré. Le chef de l’Etat    s’exprimait en présence des ambassadeurs accrédités en France, dont celui du gouvernement reconnu par les pays occidentaux, Ali Coulibaly, que le président français a tenu à « saluer ».

 M. Gbagbo, comme d’ailleurs le président tunisien Ben Ali, était jusqu’à peu un membre éminent de l’Internationale socialiste, dont les représentants français du PS donnent  tous les matins des leçons de démocratie… Pour tenter de déstabiliser son adversaire, M. Ouattara rapporte notamment abidjan.net, a  demandé  « aux opérateurs économiques en Côte d’Ivoire de cesser toute exportation du café et du cacao ». Une option accueillie avec prudence par l’UE.

Dans un communiqué publié par le gouvernement de M. Ouattara, il est indiqué que « les contrevenants à cette mesure seront considérés comme finançant les activités de l’administration illégitime de M. Laurent Gbagbo et s’exposent à des sanctions internationales… ». « L’UE estime abidjan.net, qui a dû prendre la mesure des conséquences qu’un boycott du café et du cacao ivoirien impliquerait, a jugé utile de réagir. Dans la journée d’hier, la porte-parole du chef de la diplomatie de l’UE, Maja Kocijancic, expliquait que l’embargo commercial constituait une  option .  Il ne s‘agit pas d`une option immédiate , a-t-il précisé.

L’africaniste et historien Bernard Lugan a estimé sur son blog que «  Laurent Gbagbo n’a rien à craindre d’un embargo, la Chine étant prête à lui acheter, outre son pétrole, toutes ses productions de cacao et de café, quitte à les remettre ensuite sur le marché en réalisant de gros bénéfices. Quant à la menace militaire, elle n’a pas fini de faire rire dans les maquis (bars). Comment une Cedeao divisée et qui ne dispose d’aucun moyen maritime, héliporté ou aéroporté, pourrait-elle en effet prendre le contrôle des ports d’Abidjan et de San Pedro avant d’y faire débarquer le seul contingent  opérationnel  dont elle dispose, celui du Nigeria anglophone, qui ferait l’unanimité contre lui ? »

« Tout ceci fait que ce pauvre M. Ouattara, tellement porté par la  communauté internationale  qu’il en a perdu tout crédit, va bientôt apparaître comme un gêneur que tous vont abandonner, à commencer par ses  alliés  chrétiens baoulé qui regrettent déjà d’avoir lié leur destin à un perdant. Jouant le tout pour le tout, certains de ses partisans vont peut-être s’en prendre aux Français pour tenter de provoquer une intervention de Paris. »

Une dépêche AFP a confirmé que ce front anti-Gbagbo se lézarde juste avant  un important sommet de l’Union africaine (UA). Président en exercice de l’UA, le Malawite Bingu wa Mutharika, a ainsi déclaré mardi soir   « à l’issue d’une visite surprise à Abidjan (…), sans mentionner M. Ouattara qu’il avait pourtant aussi rencontré, (qu’il promettait)   de présenter les propositions de son frère et ami Laurent Gbagbo, lors du sommet de l’UA à Addis Abeba les 30 et 31 janvier, pour résoudre la crise née de la présidentielle du 28 novembre. »

« Le virage est spectaculaire: début janvier, M. Mutharika avait appelé Gbagbo à céder le pouvoir à Ouattara pour (…) éviter un bain de sang… »

M. Lugan invité de l’émission de Robert Ménard il y a quelques semaines, soulignait que M. Gbagbo qui  chaque jour un peu plus  « décrédibilise Ouattara qui tout seul ne peut arriver au pouvoir », jouissait du soutien de l’Angola et de plusieurs petits pays africains. Il estimait aussi que   «la  Côte d’Ivoire n’existe plus depuis la mort d’Houphouët-Boigny », pays peut être définitivement  séparé entre    le nord musulman représenté par Ouattara  et le sud chrétien de Gbgabo, sachant que les deux adversaires ne sont pas assez puissants pour conquérir le territoire de l’autre. 

Les élections africaines rappelait encore Bernard Lugan  « sont toujours ethno-mathématiques », «  les africains sont enracinés ils votent pour leurs ethnies »,  et que « Ouattara  apparait comme le candidat des occidentaux et du FMI pour une grande partie de l’opinion publique africaine. »

« Contrairement aux apparences, l’année 2011 a bien commencé en Afrique puisque trois des grands principes mortifères qui lui sont imposés depuis des décennies par les nantis des pays du Nord viennent de voler en éclats » affirmait encore M Lugan sur son blog.  A  savoir   le  principe du  one  man, one vote  incompatible  avec le vote ethnique des africains,  celui  du « diktat démocratique » et de « l’intangibilité des frontières. »

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