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« Faites ce que je dis, mais ne faites pas ce que fais »

C’est la polémique du moment : les vacances tunisiennes (et en famille) de Michèle Alliot-Marie en fin d’année dans un pays en  proie à des émeutes. Facteur aggravant  pour un ministre des Affaires  étrangères de la République,   MAM a accepté par deux fois d’utiliser l’avion privée mise à sa disposition par l’un  de ses amis, réputé très proche du « clan Ben Ali »,  l’homme d’affaire Aziz Miled. Dans un entretien accordé à Marc-Olivier Fogiel, diffusé lundi matin sur Europe 1, Mme Alliot-Marie confesse son erreur qu’elle attribue  résume le site de cette radio,  à « la fatigue et (au)  rythme soutenu de la vie d’un ministre »,  «  peut-être » «  les raisons qui lui ont fait baisser sa garde. »

Cette « boulette » mérite-t-elle un tel déchaînement de glapissements indignés de la part de la gauche et la mise en branle de la grosse caisse médiatique, le hurlement du cœur des vierges ?

La (très) longue liste des journalistes et hommes politiques qui ont profité (profitent encore) des largesses des chefs d’Etat et dirigeants  marocains, tunisiens, ou africains devraient tout de même les inciter à une certaine retenue. Sans même évoquer les professionnels des voyages somptueux sponsorisés par le contribuable français que furent un François Mitterrand ou un Jacques Chirac.

D’autant qu’il apparaît que   l’escapade de Michèle Alliot-Marie  n’a pas  coûté un sou à  ces mêmes contribuables. Un voyage d’agrément dont on pouvait  certes éventuellement douter de « l’opportunité » dans le contexte diplomatique et politique actuel et au vu de l’évolution de la situation…que personne n’avait prévue.

Pour le reste, les collègues  UMP  de  ce ministre  ont souvent fait « très fort » dans la gestion de leurs déplacements aériens. En mars dernier le secrétaire d’Etat à la Coopération Alain Joyandet  avait utilisé   un jet  privé pour la modique somme de  116 500 euros, lors d’un déplacement ministériel en Martinique, certainement plus confortable qu’un avion d’une ligne régulière.

En janvier 2008, Christian Estrosi, alors  secrétaire d’Etat à l’Outre-mer,   avait loué    à  la société Dassault un autre  jet privé pour se rendre à Washington (coût de la facture 138 000 euros), plutôt lui aussi  que d’utiliser   un vol régulier  Air France.

Dans la rubrique des dépenses somptuaires, particulièrement indécentes quand les Français sont obligés  de faire des sacrifices, l’épisode Christian Blanc  révélé en juin, qui a vu  le  secrétaire d’Etat au Développement de la région-capitale se faire  offrir par l’Etat pour 12 000 euros de cigares en dix mois, relève presque de l’aimable plaisanterie.

 Idem pour le   séjour sud-africain, à l’occasion de la coupe du Monde de foot,  de l’icône des sondages, Rama Yade, lequel  aurait coûté au minimum 45 000 euros, dont 37 000 euros en billets d’avion en classe affaire sur Air France pour elle et ses (très nombreux) collaborateurs…

Pas de quoi fouetter un chat  quand on  compare  cette somme avec  les 185 millions d’euros de crédit (somme prélevée sur le budget du ministère de la Défense),  voté par   l’Assemblée nationale  pour l’achat et l’aménagement d’un Airbus A330,  réservé aux seuls voyages de Nicolas Sarkozy, qui voulait à tout prix son « Air force One » -voir notre article en date du 16 juin 2010. L’heure de vol de cet Airbus  « version Sarkozy », en service depuis l’année dernière,   coûte en moyenne  20 000 euros aux contribuables, contre 12 000 précédemment sur  un airbus A 319

Le monde.fr le relevait samedi,  Nicolas Sarkozy a «  fait valider par Matignon, à l’été 2010, une note demandant aux ministres d’éviter autant que possible les déplacements en avion s’ils pouvaient les remplacer par le train. Note qui ne concernait visiblement pas l’Elysée. »

En effet « le chef de l’Etat s’est rendu vendredi à Bruxelles pour un sommet européen. Et, selon les quotidiens belges, il a choisi de faire les 300 kilomètres qui séparent les deux capitales avec… deux avions (…) le fameux A330 (…) et  un Falcon Tx,  plus petit». Bruxelles est  à 1h20 de Paris en TGV…

 Bref, une nouvelle fois c’est « faites ce que je dis mais ne faites pas ce que je fais ».  C’est cette hypocrisie, ce manque patent d’exemplarité, ce  double langage permanent, ce décalage  général entre le discours et les actes que ne supportent plus les Français.

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