Samedi, lors d’une conférence sur la sécurité à Munich, largement consacré au terrorisme islamique, M. Cameron a déclaré qu’ « il est temps a de tourner la page des politiques du passé qui ont échoué. » «Une société appliquant une tolérance passive se place dans une position de neutralité entre différentes valeurs. Une société vraiment libérale fait bien plus. Elle croit en certaines valeurs et les soutient activement », « vivre (en Grande-Bretagne) exige le respect de certaines valeurs comme la liberté d’expression, l’égalité des droits et le respect de la loi. »
En Grande-Bretagne a-t-il ajouté, « en suivant la doctrine d’un multiculturalisme public, nous avons encouragé des cultures différentes à mener des existences séparées de celles de la majorité. Nous n’avons pas réussi à fournir une vision de la société capable de leur donner un sentiment d’appartenance. Cela laisse certains jeunes musulmans sans racines. » Ou plus exactement, ajouterons nous, « laisse certains jeunes musulmans » puiser exclusivement leurs racines dans le terreau de l’Oumma, la « communauté des croyants », identité religieuse qui se substitue à l’appartenance nationale…
A fortiori quand « la vision de la société », les « racines » proposées par les Etats occidentaux aux jeunes immigrés ne sont pas seulement, loin s’en faut, celles qui ont fait la grandeur et le génie de notre civilisation européenne, mais se résument surtout à la repentance, au masochisme, à la décadence morale, aux valeurs marchandes, au règne de la sous-culture américanomorphe.
Alors, il est de bon ton d’opposer le modèle communautariste, d’essence anglo-saxonne, selon lequel les populations immigrées sont encouragées tacitement à ne pas abandonner leurs mœurs, leur culture d’origine au profit de celle du pays d’accueil, au modèle français et républicain « d’intégration ».
Mais il s’agit de ne pas se payer de mots : l’immigration à haut débit, rend caduque ce distinguo, puisqu’elle entraîne mécaniquement ce repli identitaire des populations non européennes. Elle favorise même cette intégration à rebours que l’on constate dans de nombreux quartiers pluriels, où « l’autochtone » est d’ores et déjà minoritaire.
La vérité consiste à dire qu’au-delà d’un certain seuil quantitatif, atteint dans de très nombreux quartiers ou villes européennes, l’assimilation ne fonctionne plus. Un processus de babélisation encouragé par les tenants de l’idéologie mondialiste, confrontés aujourd’hui au réveil des identités engendré par cette nouvelle promiscuité planétaire des groupes ethniques et religieux.
Un phénomène bien analysé par Samuel Huntington, dont on est libre par ailleurs de ne pas souscrire à sa théorie plus générale de « choc des civilisations ».