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Etes-vous moins Français qu’eux ?

Après le sarkozyste Pierre Lellouche, dénonçant en Dominique Strauss-Kahn le candidat de « la gauche bobo» et « caviar », le  chef de file des députés UMP, Christian Jacob, a choisi une antenne communautaire, Radio J, pour se fendre dimanche d’une déclaration sur DSK qui, à en croire le PS, aurait des relents antisémites. Rappelons que 25 membres du gouvernement assistaient au dernier dîner du Crif, caution bourgeoise s’il en est,  dont l’invité d’honneur était Nicolas Sarkozy. Bras droit de Jean-François Copé, que l’on peut très difficilement accuser d’antisémitisme, le « chiraquien » Jacob a ainsi déclaré sur cette radio  que  le patron du FMI « ce n’est pas l’image de la France, l’image de la France rurale, l’image de la France des  terroirs et des territoires, celle qu’on aime bien, celle à laquelle je suis attaché ».

 Une phrase un peu bancale qui mêle donc le charnel (« les terroirs ») et le  technocratique (« les territoires »)  et qui  ne pousse pas l’audace jusqu’à reprendre en son entier la célèbre formule frontiste, celle de « la défense  de la France des terroirs ET des clochers »…

 Hier, lors du point presse hebdomadaire du PS, son porte-parole  l’inénarrable Benoît Hamon a fait son petit Philippe Sollers en dénonçant « les arrière-pensées et les relents très moisis » de la petite phrase de M. Jacob,  laissant entendre que ces propos avaient une connotation antisémite. « Je dis là dessus Stop! Tout de suite, tout de suite! », a-t-il ajouté. L’UMP qui « a reçu des instructions pour parler en ce sens doit arrêter immédiatement ». « Nous avons très bien compris les relents moisis derrière cette déclaration », a-t-il encore  répété.

Un autre socialiste, le très strauss-kahnien  député Pierre Moscovici, a dénoncé lundi matin sur LCI des déclarations « profondément malsaines » et a suggéré que le patron des députés UMP Christian Jacob « retire ses propos », voire « change de disque ».

Dans un communiqué, le député PS de Paris Christophe Cambadélis a également jugé la dernière déclaration de Christian Jacob « indigne d’un parlementaire ». « Dire que DSK n’est pas à l’image de la France, c’est sous entendre qu’il est un étranger, un apatride, membre du parti de l’étranger, voire  malheureusement bien autre chose. » « Je demande à M. François Fillon ou à M. Jean-François Copé de rappeler à l’ordre le président du groupe UMP à l’Assemblée nationale. Ce propos dépasse la simple controverse, il touche aux principes républicains. »

Bref en résumé, le PS accuse l’UMP de voir  en DSK ce représentant de « l’hyper-classe » chère à Jacques Attali,  des élites mondialisées et de la finance vagabonde ; hyper classe à laquelle on  prête la volonté de faire table rase du passé,  disparaître les racines, l’identité et la souveraineté des peuples dans le grand magma mondialiste,  au nom de l’ultra libre échangisme nomade et de l’impératif du « métissage » tout azimut.

L’UMP tenterait ainsi   sans vergogne de réactiver le  vieux fond barrésien, voire pétainiste de nos compatriotes par cet  appel subliminal à «  la terre qui ne ment pas », à la France  éternelle, traditionnelle et enracinée. Certes le monde paysan pèse désormais moins de 5% de la population française, le monde rural au sens large entre 15 et 20%, mais l’attachement de nos compatriotes à leurs racines  paysannes, aux  valeurs véhiculées par notre civilisation marquée par la ruralité sont encore très prégnantes chez beaucoup de Français.  Et regardées avec nostalgie, voire comme un recours,  dans un monde en plein bouleversement.

Il est certes piquant de voir que l’UMP ne recule devant aucune grosse ficelle, elle qui  mène très largement  la même politique cosmopolite et mondialiste qu’un PS du même tonneau. Attaquer DSK sur ce thème quand on a comme « champion » pour  2012 l’actuel chef de l’Etat relève d’une farce assez sinistre.

 Au détour d’un livre consacré au président du MPF, « Le mystère Villiers », les journalistes Eric Branca et Arnaud Folch rapportait  en 1999 cette confidence de M. Sarkozy au  créateur du Puy-du-Fou : « Tu as de la chance, toi tu aimes la France, son histoire, ses paysages. Moi, tout cela me laisse froid. Je ne m’intéresse qu’à l’avenir…». Avenir qui est peu ou prou de la même couleur que celui de  M. Strauss-Kahn.

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