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Le procès de « Marly » : « Sarkozy l’américain » pas très diplomate…

Michèle Alliot-Marie opportunément en déplacement en Amérique du Sud, ce sont   Christine Lagarde, ministre de l’Économie, et Laurent Wauquiez, secrétaire d’État aux Affaires européennes, qui se sont rendus  en Tunisie pour faire repartir la dialogue entre nos deux pays sur des bases moins erratiques que ces dernières semaines. Un nouvel ambassadeur  été nommé en  remplacement de Pierre Ménat,  Boris Boillon, jusqu’alors en poste en Irak,  un pays ravagé par la guerre civile.  Il n’est pas certain que le symbole soit apprécié par la «  Tunisie libérée » de même que son premier dialogue avec les journalistes locaux… Une politique étrangère française fortement épinglée par un groupe baptisé « Marly »,  de diplomates anonymes, de toutes opinions politiques,  à la retraite ou toujours en fonction, dans une tribune  publiée dans Le Monde en date d’aujourd’hui.

 Ces derniers   « récusent le procès (en incompétence) qui leur est fait » à la suite des récents violents bouleversements  dans le monde arabe qu’ils n’auraient su prévoir. Ils  dénoncent aussi  le « mépris ostensible » de Nicolas Sarkozy pour le corps diplomatique,  « l’impulsivité, l’amateurisme et le manque de cohérence » du gouvernement », une politique étrangère «  placée sous le signe de l’improvisation et d’impulsions successives, qui s’expliquent souvent par des considérations de politique intérieure».

 «Quand les événements sont contrariants pour les mises en scène présidentielles, les corps d’Etat sont alors désignés comme responsables» notent- ils encore avant de pointer l’effacement de notre pays sur la scène internationale».  »L’Afrique nous échappe, la Méditerranée nous boude, la Chine nous a domptés et Washington nous ignore !», expliquent ils également,   «La voix de la France a disparu dans le monde. Notre suivisme à l’égard des Etats-Unis déroute beaucoup de nos partenaires».

Il est certain que la réintégration voulue par Sarkozy de la France dans l’Otan a le mérite de signifier clairement  que notre pays  refuse de faire entendre une voix indépendante  de celle des Etats-Unis. Sans même parler  des personnalités très « effacées », pour rester aimable,  de nos derniers ministres des Affaires étrangères.  

 Mais ne nous y trompons pas, ce  processus de soumission à l’hyperpuissante américaine était  déjà bien engagé, et de manière accélérée depuis la chute du Mur de Berlin et la première guerre de Golfe de 1990.

Les velléités de résistance à l’Oncle Sam ne vont pas  bien  loin et celui-ci  nous les fait payer « cash ».  Nous évoquions le 13 octobre dernier  le livre du journaliste Vincent Nouzille, Dans le secret des présidents,  qui rapporte comment  la Maison Blanche de Bush jr.  avait  mis  la France de Chirac à l’amende, pour la punir d’avoir refusé de participer à la croisade américaine contre l’Irak en 2003.

 Au détour d’un traitement de la dette irakienne, en l’occurrence au terme de l’accord  officialisé par le Club de Paris le 21 novembre 2004, les contribuables français ont donc été contraints, sous la pression réussie de Washington, de « lâcher » un gros chèque de  plus de 4 milliards d’euros.

 Rappelons encore  que si le savoir faire et l’intelligence  de nos diplomates sont un atout de taille   pour notre politique étrangère, et  il s’agit certes de les écouter,  c’est au chef de l’Etat et à lui seul d’en fixer le cap.

Et c’est en effet  le nœud du problème. Nous nous faisions l’écho le 1er décembre des notes publiées par Wikileaks d’ un diplomate yankee qui surnommait  l’ actuel chef de l’Etat   « Sarkozy l’américain », décrit également   comme un  « frénétique », un  « impulsif », au « mauvais caractère », « autoritaire » « susceptible », mais surtout  comme  «  le président français le plus pro-américain ».

 Dans cette  période de bouleversements au Maghreb et au Machrek,  d’affaiblissement de l’image de la  France  dans le monde, eu égard notamment  à notre soumission à l’atlantisme qui est largement incompatible avec la traditionnelle politique arabe de la France, cette tribune a certes le mérite de dire tout haut ce que de nombreux diplomates  pensent tout bas. 

Même si en cette période de tensions internationales, elle peut paraître à certains chronologiquement  assez inopportune. D’autres soulignent aussi que le panache et l’efficacité auraient commandé qu’elle ne soit pas anonyme…

 

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