Ces derniers « récusent le procès (en incompétence) qui leur est fait » à la suite des récents violents bouleversements dans le monde arabe qu’ils n’auraient su prévoir. Ils dénoncent aussi le « mépris ostensible » de Nicolas Sarkozy pour le corps diplomatique, « l’impulsivité, l’amateurisme et le manque de cohérence » du gouvernement », une politique étrangère « placée sous le signe de l’improvisation et d’impulsions successives, qui s’expliquent souvent par des considérations de politique intérieure».
«Quand les événements sont contrariants pour les mises en scène présidentielles, les corps d’Etat sont alors désignés comme responsables» notent- ils encore avant de pointer l’effacement de notre pays sur la scène internationale». »L’Afrique nous échappe, la Méditerranée nous boude, la Chine nous a domptés et Washington nous ignore !», expliquent ils également, «La voix de la France a disparu dans le monde. Notre suivisme à l’égard des Etats-Unis déroute beaucoup de nos partenaires».
Il est certain que la réintégration voulue par Sarkozy de la France dans l’Otan a le mérite de signifier clairement que notre pays refuse de faire entendre une voix indépendante de celle des Etats-Unis. Sans même parler des personnalités très « effacées », pour rester aimable, de nos derniers ministres des Affaires étrangères.
Mais ne nous y trompons pas, ce processus de soumission à l’hyperpuissante américaine était déjà bien engagé, et de manière accélérée depuis la chute du Mur de Berlin et la première guerre de Golfe de 1990.
Les velléités de résistance à l’Oncle Sam ne vont pas bien loin et celui-ci nous les fait payer « cash ». Nous évoquions le 13 octobre dernier le livre du journaliste Vincent Nouzille, Dans le secret des présidents, qui rapporte comment la Maison Blanche de Bush jr. avait mis la France de Chirac à l’amende, pour la punir d’avoir refusé de participer à la croisade américaine contre l’Irak en 2003.
Au détour d’un traitement de la dette irakienne, en l’occurrence au terme de l’accord officialisé par le Club de Paris le 21 novembre 2004, les contribuables français ont donc été contraints, sous la pression réussie de Washington, de « lâcher » un gros chèque de plus de 4 milliards d’euros.
Rappelons encore que si le savoir faire et l’intelligence de nos diplomates sont un atout de taille pour notre politique étrangère, et il s’agit certes de les écouter, c’est au chef de l’Etat et à lui seul d’en fixer le cap.
Et c’est en effet le nœud du problème. Nous nous faisions l’écho le 1er décembre des notes publiées par Wikileaks d’ un diplomate yankee qui surnommait l’ actuel chef de l’Etat « Sarkozy l’américain », décrit également comme un « frénétique », un « impulsif », au « mauvais caractère », « autoritaire » « susceptible », mais surtout comme « le président français le plus pro-américain ».
Dans cette période de bouleversements au Maghreb et au Machrek, d’affaiblissement de l’image de la France dans le monde, eu égard notamment à notre soumission à l’atlantisme qui est largement incompatible avec la traditionnelle politique arabe de la France, cette tribune a certes le mérite de dire tout haut ce que de nombreux diplomates pensent tout bas.
Même si en cette période de tensions internationales, elle peut paraître à certains chronologiquement assez inopportune. D’autres soulignent aussi que le panache et l’efficacité auraient commandé qu’elle ne soit pas anonyme…