Site icon Le blog de Bruno Gollnisch

2012 et le cas DSK : au-delà des apparences…

DSKLe site Slate.fr sous la plume de Bastien Bonnefous revenait mercredi sur la polémique Christian Jacob-DSK afin de s’interroger gravement sur le fait de savoir « si un président  juif pouvait être élu président de la République. » M. Bonnefous cite ici la déclaration qui effectivement «  ne cessent depuis d’être commentées sur internet » de Dominique Strauss-Kahn au magazine communautaire Passages  en mars 1991 : «Je considère que tout Juif dans la diaspora, et donc c’est vrai en France, doit partout où il le peut apporter son aide à Israël. C’est pour ça d’ailleurs qu’il est important que les Juifs prennent des responsabilités politiques. Tout le monde ne pense pas la même chose dans la Communauté juive, mais je crois que c’est nécessaire. Car, on ne peut pas à la fois se plaindre qu’un pays comme la France, par exemple, ait dans le passé et peut-être encore aujourd’hui, une politique par trop pro-arabe et ne pas essayer de l’infléchir par des individus qui pensent différemment en leur permettant de prendre le plus grand nombre de responsabilités. En somme, dans mes fonctions et dans ma vie de tous les jours, au travers de l’ensemble de mes actions, j’essaie de faire en sorte que ma modeste pierre soit apportée à la construction de la terre d’Israël.»

« Les Français votent-ils pour un candidat en tenant compte de sa confession, juive dans le cas de Dominique Strauss-Kahn, ou de ses origines? Difficile de répondre clairement tant la question a toutes les caractéristiques du tabou »  note M Bonnefous. Il relève  tout de même que cette appartenance confessionnelle là n’est pas un frein au vote désormais pour une très grande majorité de nos compatriotes, «  l’hostilité (à un candidat juif)  serait désormais cantonnée à une marge de l’électorat dépassant le clivage droite-gauche classique » –contrairement à l’appartenance à la communauté musulmane qui serait appréhendée avec méfiance par un plus grand nombre de nos compatriotes

« Dominique Strauss-Kahn lui-même semble avoir envisagé par le passé ses origines juives comme un possible frein pour sa carrière politique » est-il encore noté. « Dans un article du Monde paru en octobre 2006, il expliquait avoir «longtemps pensé qu’être juif serait un handicap dirimant. Aujourd’hui, je crois que si être juif est un handicap, cela ne l’est qu’auprès de la frange très marginale des électeurs de gauche antisémites».

Mais « l’élection présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007 semble avoir été un pas de plus en avant (…) le chef de l’Etat (ayant) mis en avant durant la dernière campagne électorale ses origines familiales hongroises et juives par son grand-père paternel, allant jusqu’à se présenter comme un «petit Français de sang mêlé». Dans une interview au quotidien israélien Haaretz en 2006, Christian Estrosi, l’un de ses soutiens, l’a même présenté comme «le candidat naturel des électeurs juifs»  est-il rapporté.

Feu Georges Frêche rappelons le de notre côté,  avait  prononcé un discours  le 24 juin 2007 au Parc Gramont, à Montpellier, à l’occasion de la « Journée de Jérusalem », au cours duquel il avait déclaré qu’en la personne de Nicolas Sarkozy,   La France  avait  élu (en 2007)  « un juste président de la république ».  « On avait vu Léon Blum et Mendes-France   Premiers ministres,  mais on avait jamais eu un juif élu au suffrage universel et avec Kouchner comme ministre des Affaires étrangères que voulez vous de plus ? ».

« Cette élection (de 2007) aurait fait bouger les lignes explique M Bonnefous , y compris dans son propre camp », évoquant le cas du patron de l’UMP  Jean-François Copé, candidat à la  présidentielle de…2017. Celui-ci se serait   félicité de ce que dans ce domaine  « l’élection de Sarko a brisé pas mal de tabous » écrivent   Solenn de Royer et Frédéric Dumoulin dans leur livre sur M. Copé ;  car « Avant de s’appeler Copé, la famille du député-maire de Meaux s’appelait jusqu’aux années 1950 Copelovici. Des racines juives au double patrimoine ashkénaze et sépharade ».

Faisant flèche de tout bois, les soutiens de DSK tentent d’empêcher les critiques sur leur champion au motif qu’elles ressortiraient de l’antisémitisme plus ou moins larvé. Ils font a contrario implicitement  appel  à l’antiracisme naturel  et la « hauteur d’esprit » des Français qui ne sauraient s’empêcher de voter pour un homme aussi « exceptionnel »  que DSK,  au motif qu’il n’est pas catholique.

Le problème de cette argumentation c’est qu’il n’apparaît pas en France que l’appartenance à la communauté juive n’ait jamais été un handicap sérieux pour faire une « carrière » publique, notamment dans  le monde politique ou  dans les médias

Ce que nos compatriotes doivent juger avant de voter pour un chef d’Etat c’est sa capacité à défendre  avant tout et en premier lieu nos intérêts nationaux et c’est là ou la phrase précédemment citée de DSK fait légitimement débat.  Il n’apparait pas en effet  que lesdits intérêts français recoupent systématiquement  ceux de l’Etat hébreux et la force de l’allégeance décrite par DSK envers Israël entraine forcément quelques inquiétudes… ni plus ni moins cependant que les professions de foi euromondialistes du directeur général du FMI et qu’il n’est pas le seul à formuler au sein de notre classe politicienne.

A cette question sur le fait de savoir s’il pourrait voter pour DSK malgré le fait qu’il soit juif,  l’intellectuel proche des Frères Musulmans, Tariq Ramadan rétorquait récemment  que c’était le positionnement politique de M Strauss-Kahn qui était selon lui (et selon  de nombreux électeurs musulmans) un problème, mais non sa judaïté. Musulmans qui ont beau jeu en effet, il suffit pour s’en convaincre de  lire les discussions sur les forums de sites  maghrébins,  d’expliquer que la suspicion  dont ils font l’objet de ne pas adhérer ou de refuser la culture française, de ne pas défendre  les  « valeurs nationales »,  ne s’étend pas « au lobby sioniste ».

Au-delà de ses luttes inter-communautaires, Jacques Colombier a parfaitement résumé, dans le quotidien Sud Ouest, l’alternative qui se pose aux Français dans la perspective de la présidentielle: «  Croyez-vous qu’on puisse offrir aux Français le choix entre un Strauss-Kahn qui minaude du haut de sa sphère libérale et dorée et un Sarkozy qui s’agite avec une petite cuiller pour écoper une baignoire qui se remplit à grands jets ? ». Car idéologiquement il n’y a en vérité aucune différence majeure entre les candidats probables de l’UMP et du PS en 2012.

Quitter la version mobile