Le durcissement du discours sur la question de l’identité française est justifié par l’ancien militant national et actuel secrétaire général adjoint de l’UMP, Hervé Novelli, qui explique qu’ « en 2007, Nicolas Sarkozy était un émetteur extrêmement fort. Aujourd’hui, la puissance d’émission est plutôt du côté de Marine Le Pen alors que nous sommes en sourdine ». « L’UMP doit éviter le suivisme cucul de Marine le Pen et faire plutôt des propositions » avance-t-il.
Il a précisé encore plus franchement hier que le parti sarkozyste chassait sur les terres du FN. « Il faut a-t-il déclaré qu’un certain nombre d’électeurs qui pourraient être tentés de donner leur voix au FN puissent aujourd’hui comprendre qu’il y a des options et des propositions qui existent à l’UMP et qui n’existent pas au Front national »…
Selon Le Figaro, le chef de l’Etat avait précisé aux cadres de l’UMP le 14 février que le succès en 2012 commandait de ne pas faire l’impasse sur les sujets brûlants. Il avait expliqué que « c’était une bonne idée de parler du multiculturalisme. Il faut que l’UMP lance un débat sur l’islam. Moi, je veux aller plus loin : je ne veux pas de minarets, pas d’appels à la prière dans l’espace public, pas de prières dans la rue. »
Le député Lionel Lucca, connu pour ses positions droitières, a relayé cette semaine le message sur Europe 1 : « Je ne vois pas pourquoi on se prive de faire un sandwich au jambon dans les cantines sous prétexte qu’il y a des gens qui ne mangeraient pas du jambon et ceux qui ne peuvent pas supporter le jambon, et bien, ils mangeront autre chose ». « Ce sont des réalités du quotidien que vivent les Français, et le sentiment de ne plus être chez eux vient de ce genre de manifestations. »
Un « sentiment de ne plus être chez eux »précisons le à M. Lucca, qui frappe tout autant les Français dans de très nombreux quartiers pluriels, où les africains et les immigrés originaires du continent asiatique sont bien plus nombreux que les arabo-musulmans. Mais nous touchons là aux limites de la focalisation, voulue par l’UMP, du problème de l’immigration aux seuls « barbus » et porteuses de burqa…
Pour autant, cette stratégie de « frontisation » (apparente) est-elle la bonne ? ce n’est pas l’avis de François Fillon –voir notre article en date du 28 février- ni celui d’autres ténors de la majorité comme Rama Yade, Dominique Paillé, Christian Estrosi, Bernard Accoyer ou Alain Juppé qui contestent qu’il s’agisse d’une martingale gagnante.
Le Monde rappelait hier que Nicolas Sarkozy, lors de son émission sur TF1, le 10 février, avait évoqué un débat sur l’islam. « A la question d’un internaute : Ne trouvez-vous pas que le multiculturalisme est un échec ?, il avait répondu : Il doit y avoir un islam de France, et non un islam en France. Il est parfaitement normal qu’il y ait des lieux de culte pour tous. Mais nous ne voulons qu’il y ait pas de prosélytisme agressif, quel qu’il soit. »
« L’idée, alors, paraissait juste à la majorité, plus qu’inquiète de la montée de Marine Le Pen à droite. Mais le contexte international, avec les révoltes arabes, tout comme une série de récentes enquêtes d’opinion, semblent indiquer que Marine Le Pen risque au contraire de profiter de ce débat, qu’une partie de la majorité est désormais décidée à éviter. »
Pas si facile pour les partis du Système de trouver le ton juste pour rassurer les Français, tout en les endormant…