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Radio J : des fritures sur la ligne ?

Est-ce parce que le FN défend notre identité française, le concept de préférence nationale, la liberté d’expression,  s’oppose aux diktats de l’Europe de Bruxelles, à notre soumission à l’Otan, en un mot rejette les oukases du mondialisme que Marine Le Pen a finalement été interdite d’antenne sur Radio J ? Ne nous cachons pas derrière notre petit doigt: la montée au créneau des associations communautaires contre cette invitation  se fonde toujours sur les mêmes prétextes : le tropisme  révisionniste, l’antisémitisme structurel et le penchant pour la cause palestinienne qui seraient inhérents au FN.

Plus prosaïquement,  en cette période de montée en puissance de la candidature de  Marine Le Pen, il est aussi possible que l’entourage de   Nicolas Sarkozy, désigné par Christian Estrosi comme « le candidat naturel des juifs » ,   n’ait pas jugé également cette invitation souhaitable…

Le  président du Crif,  Richard Prasquier , proche du chef de l’Etat,  a déclaré que « même si l’entretien (sur Radio J)  est sans concessions, comme le dit la radio, ce qui aura compté, c’est qu’elle (Marine Le Pen, NDLR) aura été reçue par une radio communautaire juive ; et ça, c’est un symbole qui est inacceptable ». Marine Le Pen « n’a pas fondamentalement changé par rapport à son père », « je refuse  de lui accorder un brevet de respectabilité.  »  M.  Prasquier sait pourtant  que le FN a toujours clairement refusé l’accusation d’antisémitisme.

L’Union des étudiants juifs de France (UEJF), ancrée à gauche, connue pour ses liens avec SOS racisme et présidée par Arielle Schwab,  a jugé que « cette invitation pouvait faire croire à une forme de complaisance de la communauté juive et de ses institutions à l’égard de Marine le Pen. (…) Son parti reste structurellement antisémite, raciste et hors du champ républicain. »

« Marine Le Pen  se permet de solliciter spécifiquement l’adhésion de la communauté juive, alors même qu’elle est à la tête d’un parti qui aujourd’hui encore minimise les enjeux de mémoire et maintient son système de stigmatisation des communautés »   croit savoir Melle Schwab. L’UEJF a appelé à une manifestation le 14 mars sous le mot d’ordre « Pas une voix juive pour le FN ».

Un slogan très délicat au regard du  tollé que susciterait une manifestation intitulée « Pas une voix chrétienne pour DSK ». L’UEJF a décidemment le sens de la mesure…

« La réactivation du Cercle National des Juifs français, un cercle de réflexion juif interne au Front National, s’inscrit dans la droite ligne de cette stratégie », dénonce encore  l’UEJF qui fustige l’ « artifice que constitue la construction d’une voix juive au sein du parti d’extrême droite. » 

Ce cercle sera en effet relancé,  a précisé le vice-président du FN Louis Aliot, en réponse « à  la discrimination organisée par le Crif et un certain nombre de lobbies ». Un cercle présidé jusqu’à sa mort en 2004 par Robert Hemmerdinger, ex militant de l’OAS et Conseiller régional FN.

Moins formaté, connu pour ses ouvrages fustigeant le racisme anti-blanc, ancien avocat d’Anne Kling (Alsace d’Abord) et de la pamphlétaire italienne violemment islamophobe et pro-israélienne Oriana Fallacci, Me  Gilles-William Goldnadel a pris le contrepied du discours « communautaire » dominant.

Sioniste de droite, entré dans les instances du Crif  en juin dernier,  très proche de M.  Netanyahu,   invité personnel de Nicolas Sarkozy lors du voyage de ce dernier en Israël en juin 2008, Me Goldnadel  a estimé  que ce refus d’inviter Marine Le Pen, qu’il a déjà rencontré,  était  « un bridage de la pensée », « un manque de liberté d’expression » et un « déni de démocratie. »

 « On ne peut pas traiter sur le même plan l’homme du point de détail et sa fille qui a déclaré dans les colonnes du Point que la Shoah avait été le summum de la barbarie », juge-t-il.

Il a cependant posé ses conditions pour que le FN sorte du ghetto :  « Cette déclaration dans le Point est un premier pas même si c’est encore très insuffisant. Le FN est devenu très pro-palestinien et Marine Le Pen reste entourée de personnes appartenant à l’extrême droite antisémite. »

Me Goldnadel  n’a pas poussé l’amitié avec le FN  jusqu’à dresser la liste des affreux à écarter et   à  rédiger notre futur programme de politique étrangère. La prochaine fois peut être !

Reste que les Français de confession ou d’origine  juive qui votent, ou qui entendent voter FN et Marine Le Pen à la présidentielle,  se contrefichent des fulminations et des fantasmes des uns et des autres.

Ils sont Français d’abord, patriotes,  refusent la double allégeance et savent aussi que les intérêts de l’Etat hébreu, dont le FN défend le droit à vivre en paix aux côtés d’un Etat palestinien,   ne coïncident pas toujours avec ceux de leur pays. Les pharisiens du Crif et d’ailleurs en ont certainement conscience…

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