Cet accord et la situation à la frontière franco-italienne illustrent l’incapacité de l’UE de se doter d’une politique migratoire commune. Lors du Conseil européen des ministres de l’Intérieur, réunis le 12 avril, les pays européens, ont refusé l’activation au profit de l’Italie de la directive 55 de 2001, portant sur l’afflux massif de migrants. Celle-ci permet d’accorder un régime de protection temporaire aux réfugiés et permet d’envisager une dispersion des immigrés entre les différents Etats membres de l’Union européenne.
La France et l’Allemagne ont notamment jugé que l’Italie était confrontée non pas à un afflux de réfugiés politiques mais à des « migrants économiques », qui ont pris pied en Europe via l’île de Lampedusa et dont le nombre –entre 20 000 et 30 000 personnes- ne posait pas de problème particulier.
Comme l’a noté le 14 avril l’article publié sur le site de Rue 89, «face à la demande des migrants d’obtention du statut de réfugié politique, et pour éviter des révoltes dans les centres d’accueil, le gouvernement Berlusconi a choisi de délivrer des permis de séjour temporaires de trois mois, dans l’espoir, assez mal caché, que les citoyens tunisiens décident d’exploiter la libre-circulation de l’espace Schengen pour rejoindre d’autres pays, notamment la France. »
« L’enlisement possible des opérations de l’Otan en Libye, et les lendemains difficiles de l’après-révolution tunisienne voire égyptienne, ont peu de chance de tarir la source des candidats à l’émigration » note encore cet article. Et d’ajouter : « Prise en otage par des combats aux enjeux nationaux et politiciens, l’Union européenne aura bien du mal dans ce contexte à accoucher d’une politique commune juste et équilibrée en matière d’immigration. Sa paralysie en ce domaine risque bien de renforcer les discours xénophobes et populistes ».
« Discours » qui prend aussi sa source, au-delà de la nocivité des menées bruxelloises, dans les propres turpitudes des gouvernements des pays membres. Pour ne retenir que le cas de l’Italie, rappelons qu’un précédent gouvernement Berlusconi avait donné leur feu vert en 2002 à la demande émanant de la Démocratie-Chrétienne visant à régulariser des centaines de milliers de clandestins.